La créativité est Charlie

Le 7 Janvier 2015 est une date qui restera, assurément, gravée dans la mémoire du peuple français.

Ce Mercredi, le 10 Rue Nicolas-Appert est le théâtre d’un spectacle qui a glacé le sang de toute une nation. Cible d’une violente attaque à l’arme lourde, l’équipe de Charlie Hebdo est anéantie.

On compte 12 morts en tout, un bilan bien plus qu’amer d’autant plus que ces hommes et femmes ont été assassinés pour avoir fait leur travail. Plus que la peur, c’est l’écœurement, la colère et l’indignation qui habite les français et peuples du monde entier.
Parce que des hommes et des femmes sont morts, parce que des familles resteront meurtries à tout jamais, parce que des amis et collègues en ont perdus d’autres, parce que d’autres, blessés, se battent pour survivre, parce que c’est la France et la liberté d’expression auxquels des détracteurs ont tenté de porter l’estocade.

C’est raté messieurs.

Dans les jours qui ont suivi le drame, le soutien à Charlie Hebdo a été total, comme en témoignent les myriades de différents hommages qui ont inondé la toile. Que ce soient les artistes, internautes, agences de publicités, journaux, tous ont tendu la main, à leur façon, au « Canard » satirique. Entre jeux de mots, beaux coups de crayons et comparaisons habiles, les artistes n’ont pas manqué d’imagination ! Éparpillés dans le globe, ils ont fait preuve d’audace, agrémentant, ça et là, leurs pensées retranscrites sur le papier, de références diverses et variées. Si certains font part de leur deuil, d’autres ont su jouer la carte de l’humour à la perfection.

Artistes / Dessinateurs de presse

Antoine Cherau, qui vient de perdre deux amis, réagit au quart de tour :

chereauSur Twitter ça gazouille. De tout cœur avec Charlie Hebdo. pic.twitter.com/8KwTipn3Wp

— PLANTU (@plantu) January 7, 2015

Avec un crayon, outil de base du dessinateur qui est également le symbole même de la liberté d’expression, Plantu rédige un message de respect à l’intention de Charlie Hebdo, dans une écriture sanglante.

pic.twitter.com/cfB3qooSqR — Le Chat (@ChatGeluck) January 7, 2015

Pour Oppenheimer et Geluck, cet attentat se compare au 11 Septembre. A l’instar des tours jumelles qui étaient le symbole de la puissance économique des Etats-Unis, ce sont deux crayons attaqués par un avion qui sont représentés ici. Une image forte qui parle instantanément.

David Pope, lui, opte pour un jeu de mot subtile (« drew » voulant dire dessiner, mais aussi dégainer), dans un dessin où un terroriste tente de justifier son acte, à côté de sa victime, couchée sur le flanc, la plume mise en évidence comme pour souligner cette « arme » de création massive que redoutent les partisans de la terreur.

Fransisco J Olea forme un fusil m4 à l’aide d’une gomme, d’un capuchon de stylo, d’un taille crayon, d’un crayon, d’un feutre, et d’une équerre.

Avec Boulet, Charlie Hebdo devient un véritable « canard » qui se moque des terroristes en leur déféquant dessus.

Zep représente la bande des dessinateurs de Charlie Hebdo dans leur ascension au paradis, où Dieu, aux cheveux longs, barbe fournie et toge blanche, lit un exemplaire un journal.

Loïc Sécheresse reprend le célèbre symbole du poing levé, signe de protestation, qui serre un crayon sanglant, dont les gouttes dégoulinent sur le poignet. Un geste qui sera repris par beaucoup durant les mouvements de soutien, pour montrer que le crayon français n’aura que meilleure mine après cette tentative de le briser.

Martin Vidberg évoque le danger permanent d’être dessinateur pour Charlie Hebdo en nous montrant un feutre accompagné d’éclaboussures de sang en arrière-plan, ainsi que l’inscription « Aujourd’hui, je dessine pour Charlie Hebdo ».

Janvier 2015 est la naissance du « Crayon Power » avec Joep Bertrams, qui se mue en un Bernie Boston du XXIème siècle et place dans un fusil, non pas une fleur, mais un crayon.

Louison se distingue avec une œuvre dans le ton Charlie Hebdo-esque, où des « bites » ont été taguées dans tout le paradis, au grand dam de Dieu.

Alan Moir tourne à la dérision les terroristes, friands de l’attentat suicide, qui, cagoulés ou non et portant une ceinture d’explosifs, prennent leurs jambes à leur cou et s’enfuient d’un bus où se trouve un dessinateur.

Kaye Begvad, en toute simplicité, nous montre que le crayon et donc la liberté d’expression, est une lumière dans les ténèbres, un espoir inébranlable, un roseau qui ne rompt pas.

Satish Acharya nous emmène dans les locaux de Charlie Hebdo, quelques secondes après le drame, où au milieu d’un bureau mis à feu et à sang, les terroristes, lourdement armés, tiennent un crayon et s’interrogent, l’air hébété, sur la nature de cette arme si petite et pourtant si effrayante.

Enki Bilal, revêt son tablier de neurophysicien et nous emmène dans le cortex de l’obscurantisme religieux, qui est d’un noir jais le plus profond.

Christian Adams se prend à imaginer le genre d’oeuvre qui pourrait être accepté par les extrémistes. Résultat : le néant.

 Bandes Dessinées

Magnus Shaw, reprend la BD « Peanuts » de Charles Schulz, en montrant le personnage Charlie Brown en plein désarroi, la tête entre les mains, avec le célèbre slogan « Je suis Charlie ».

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Albert Uderzo nous donne la patate et manifeste avec véhémence son soutien au journal, mais également avec le plus profond respect.

Journaux 

The New Yorker nous dévoile une couverture où le sol de la Tour Eiffel est parsemé de sang et dont la pointe s’est transformée en crayon à la mine écarlate.

The Independant rend parfaitement hommage à l’idéologie du journal et ses contributeurs, avec un exemplaire de Charlie Hebdo tâché d’une encre vermeille, d’où s’élève une main au majeur levé, tenant un stylo plume. Même dans la mort, Charlie Hebdo refuse d’abdiquer sa liberté d’expression.

The Daily Telegraph illustre les deux terroristes, l’air inquiet, se suggérant de faire attention puisque leurs cibles pourraient être armées de stylos.

Le magazine hollandais Onsterfelijk signe un dessin qui rend hommage au courage et à la ténacité des dessinateurs de Charlie Hebdo, qui, même la tête coupée, continueront d’exprimer leurs idées…et à tirer la langue à ceux qui tentent de les faire taire !

De Tijd se couvre de noir en hommage à cette catastrophe. Au milieu de sa page, seul le slogan « Je suis Charlie » est affiché.

Politiken s’offre une grande page blanche où peut être vu un crayon, brisé en deux, mais continuant son tracé. L’image est belle : même blessée, la liberté d’expression ne baissera jamais les bras.

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The Times s’inspire de la couverture du New Yorker mais place un terroriste armé d’une kalashnikov à son sommet.

Créatifs et agences de publicité 

Les créatifs Patrick Dumas et Jean-Loup Seuret nous dévoilent des hommages qui se veulent héritiers de l’humour de Charlie Hebdo, à savoir provocateurs, piquants, impertinents, drôles. Bref, on aime !

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Côté agence, on remarquera surtout les efforts déployés par BETC et Reporter Sans Frontières pour scander haut et fort que la France n’a pas posé le genou à terre.
Bien au contraire, ceux qui voulaient instiller la peur n’ont que contribué à attiser la colère et à renforcer l’union des peuples pour défendre la liberté d’expression et de l’information.

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C’est par le biais d’un print puissant par son message et sa mise en forme, que BETC et RSF rappellent l’échec des détracteurs de ces libertés, ô combien précieuses et indispensables.

RSF et l’association Presse et Pluralisme signent également, toujours avec BETC, un spot d’une trentaine de seconde avec Jérôme de Gerlach à la manœuvre.
Sur le fond musical de Brassens repris par Maxime Leforestier « Quand les cons sont braves », une chanson qui ne peut que convenir à la situation actuelle, nous voyons s’enchaîner différentes personnes, de tout âge et de toutes origines, venues manifester leur soutien à Charlie Hebdo, portant tous la pancarte « Je suis Charlie ».

La réponse à ces actes barbares a été donnée avec la plus belle des manières, et ce n’est qu’un début. Par leur soutien inconditionnel, les peuples du monde entier ont montré que l’union fait la force et que l’on se battra jusqu’au bout pour préserver et pérenniser ces valeurs de liberté d’expression et d’information qui nous ont été transmises. Le JSP lève son crayon, pour Charlie Hebdo, mais aussi pour la policière froidement assassinée à Montrouge, pour ceux qui ont péri dans la prise d’otage de la supérette Hyper Cacher, pour toutes les victimes de ces actes abominables. Nous sommes Charlie.

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