Les autruches et les aigles

Qu’on secoue la pub, ce n’est pas pour me déplaire. Endormie paisiblement sur ses lauriers, elle ne s’est pas remise en question depuis 30 ans.

Il était temps qu’on donne un coup de pied dans les fesses à « la belle au bois dormant » pour la bouger, pour la pousser à aller plus loin. Pourtant, rien ne semble troubler la planète-pub où tout continue comme avant. Aucun de mes collègues ne semble se soucier du problème, c’est comme si ce mouvement de société ne les concernait pas. Je ne peux pas m’empêcher de lancer le débat.

autruches

Le microcosme de la pub, comme le monde en général, se divise en deux catégories : ceux qui gardent un regard lucide et clairvoyant sur les faits et sur les choses. Et ceux qui pratiquent la politique de l’autruche.

Les autruches, ont les yeux plein de sable et un discours frileux. Un problème, quel problème ?

Mais la pub se porte parfaitement bien. À part les militants, les verts et quelques féministes enragées, rien n’a changé. Les Français aiment toujours autant la pub.
La publicité n’a aucune responsabilité sociale dans le monde d’aujourd’hui. Il faut arrêter de la diaboliser et de la rendre responsable de tous les maux de la société.
Remettre en question la pub, c’est avouer qu’elle a des failles. Il faudrait être maso pour donner aux gens le bâton pour mieux nous battre.
Comment veux-tu que les consommateurs soient influencés par un mouvement passéiste qui récupère de vieilles idées ? Même la journée sans achat c’est du pur AdBusters recyclé. Elle ne séduit que quelques moutons.
Le Français n’est pas contre la pub ! La preuve ? L’AACC a demandé à Ipsos une étude sur 404 leaders d’opinion sur la perception de la publicité par les Français. Les réponses sont très rassurantes. Seules 14 % des personnes interrogées se déclarent publiphobes.

Mais si, coco, je les connais les résultats de cette enquête « rassurante ». Les chiffres sont exacts, mais on oublie un petit détail. Les 404 personnes interrogées font partie des élites françaises : chefs d’opinion, dirigeants d’entreprise, journalistes, hommes politiques et représentants de l’univers associatif, syndical, universitaire et artistique. Un échantillon pas vraiment représentatif du Français lambda.

Dieu merci, il existe les aigles, leur regard est perçant, l’ouïe très fine. Ils se déplacent dans un espace à tois dimensions.

Je suis publicitaire, mais aussi consommateur. Je comprends le ras-le-bol des gens. Il y a trop de pub et presque plus de véritable création. La pub est à un tournant et, si elle veut survivre, elle a intérêt à se remettre en question rapidement.
Le consommateur ce n’est pas une marionnette qu’on tire par des ficelles, mais une personne qu’on doit écouter et respecter. S’il a changé, il faut que la pub change.
Je ne suis pas sensible au discours radical de ceux qui refusent en bloc le système publicitaire, mais je suis touché par la réaction des consommateurs. Et s’il faut déconstruire l’ancien système de pensées, eh bien, moi je suis partant.
Ne pas être à l’écoute des évolutions de la société, c’est « gravissime » pour la pub qui devrait devancer les attentes. Ne pas vouloir prendre conscience qu’il y a de nouveaux besoins, de nouvelles demandes, c’est envisager le futur en regardant dans le rétroviseur. Moi, je préfère regarder droit devant.

Thierry, Fabien, Benoit, Charlotte, Marc et Nadège, seront les premiers aigles à m’accompagner dans la longue l’aventure du JSP.

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8 réflexions au sujet de “Les autruches et les aigles”

  1. Bonjour !
    Il est paradoxal en effet de voir combien notre métier est de faire changer les choses, de capter l’air du temps, de donner une vérité et un regard différent… et de voir combien nous sommes suiveurs.
    Je viens du monde de l’agence (15 ans de sacerdoce à paris). J’ai fini par créer la mienne, Nauconsultants, à Lille (oui, Lille existe, amis parisens pubards)… ouf, je respire depuis 8 ans. Pourquoi ? J’ai créé ma bulle, une belle bulle dans laquelle je dirige librement, je vois librement, je créé librement. Et je défends, dans mon blog et ailleurs, mon métier de communicant (et non de publicitaire).
    Adieu les autruches et les aigles. Je suis juste moi en face d’autres, je partage, je construis. Je suis bien.
    Bravo pour ce blog, il permet de réfléchir sur notre monde de publicité, de communication. Et de faire le métier que j’aime.

  2. Tu as raison, Stephan. Je travaille en agence de pub. Quand j’ai demarré ce metier, on etait des communicants passionnés, aujourd’hui nous sommes devenu des saltimbanques resignés. Où sont les "Philippe Michel" et tous les grands esprits qui savaient prendre des risques et avancer ? Aujourd’hui les dirigeants sont frileux et ne veulent pas prendre de risques. Mais comme disait le grand Seguela, juste avant de s’endormir sur ses lauriers "qui n’avance pas recule". A force de reculer, nous sommes en train de nous faire dépasser par les evenements. Si la pub se casse le nez, on l’aura bien cherché.

  3. poussinou, j’ai cliqué sur studiosmak, le site dont tu nous parle. C’est glauque ! Ca fout les boules^ Ensuite j’ai cliqué sur les liens (I-pub, Vlan…). C’est gai et rigolo. 🙂 Ca met de bonne humeur.;) La pub ? ça depend !

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