Quel est le juste prix d’un freelance de la pub ?

Comment calculer le prix d’un freelance de la pub sans voler ses clients mais sans se voler soi-même ?

Héhé, tout le monde est perdu devant cette question existentielle car si le freelance a du mal à établir sa propre valeur marchande, l’agence ou l’annonceur n’ont pas non plus de repères. Aucun manuel à potasser, pas de règle mathématique et un parfait flou artistique en particulier pour les créatifs, qui ont du mal à coller un prix sur leurs neurones.

Certains pensent qu’il suffit de prendre le salaire net qu’ils toucheraient en agence et de le diviser par le nombre de jours travaillés dans un mois. Faux !

Un freelance n’est pas un salarié sans patron, mais un patron sans salariés, un véritable entrepreneur qui gère sa boîte avec les mêmes impératifs que toute entreprise.
Il paie des coûts directs et indirects d’un employé : sa couverture sociale, ses charges, sa retraite, ses assurances, sa formation continue, ses frais professionnels, son matos, les licences des logiciels, ses locaux ou sa place de coworking, ou, s’il est chez lui, le mobilier, l’électricité, le téléphone, le chauffage, la connexion Internet, les frais de déplacement professionnel, etc.


Le tout sans aucun des avantages salariaux payés par l’employeur : pas de RTT, de prime de précarité ni d’assurance chômage, ni indemnité de licenciement, ni de congés payés, ni de points de retraite.


Et puisque pour travailler, le freelance doit être en règle, il fait aussi qu’il fasse sa compta et les démarches administratives selon son statut. Et, si l’administratif lui prend la tête, il le confie à un pro. Qui ne fera pas ça pour ses jolis yeux. Bien sûr, tout ça n’apparait pas sur sa facture, mais elle aura sa place dans la colonne ‘débit’ de son compte bancaire.

Il devra aussi se vendre comme un produit, payer un agent ou reverser une commission, à des apporteurs d’affaires ou bien devenir prospecteur et RP, entretenir son réseau, faire une veille sur Linkedin ou Facebook, au cas où une demande qui lui correspond passerait par là. Que du temps perdu pendant lequel il ne pourra pas se dédier à son boulot ni se former. S’il part en vacances, c’est pour sa pomme. S’il n’a pas de missions, c’est pour sa poche. Et le prix qu’il demande, après toute déduction, sera divisé par deux à l’arrivée.

Doit-il donc faire payer au Client sa pause forcée suite à la tendinite de Quervain, ses vacances ou son nouvel ordinateur ?

Bien sûr que non, mais il faudra les prendre en compte dans son calcul.

Tout d’abord, un free c’est un pro qui fournit de la matière grise, qui donne l’idée qui tue, ou qui apporte de la véritable expertise, de la plus value et qui vit de son boulot. Un vrai freelance (et pas un jeune diplômé qui s’improvise pro en attendant un CDD ou un CDI) c’est un véritable expert tout comme un avocat ou un notaire et c’est normal qu’il se fasse payer au temps passé.

Bah oui, mais alors comment calculer ? C’est à chacun de déterminer son prix qui ne ressemblera pas à celui du voisin. Modèle originale ou fabriqué en série ? Dans le coup ou asbeen ? Très haut de gamme ou basique ? Super créatif ou déjà vu ?

On établit son prix horaire (CM, exé, rédacteur web, graphiste, développeur, etc.) ou à la journée (DA, CR, DC, Chef de projet, etc.) selon son métiers, en prenant en compte ses compétences, sa séniorité, son image, son parcours et en rajoutant une partie des frais et des charges (environ 30%).

Et on module ses prix selon la demande, le budget du Client, le contexte, la durée de la mission, l’environnement et les enjeux du projet. Bilingue, CRM, 3D ? Les spécialisations rares ne comptent pas pour des prunes. Plus votre profil est pointu et rare et plus vos prix peuvent augmenter. C’est la loi de l’offre et de la demande. L’expérience, les prix et les récompenses font monter la côte. Un DA ou un CR confirmé, par exemple, va de 400€ à 800€/jour (source : Les-entremetteurs.fr) Un DC peut demander jusqu’à jusqu’à 1500€/jour.

Pas assez ? Oh là là, les seniors, avant c’était avant. Les années d’or de la pub sont bien loin derrière.

Nous vivons les années de crise, les annonceurs ont perdu du fric, les agences ont perdu des Annonceurs, le moment est difficile, et la concurrence est rude. Donc pas la peine de pratiquer des prix que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. De plus, si votre dernière campagne a déjà 10 ans, si votre book a pris un coup de vieux et si vous n’avez pas fait évoluer vos compétences ni suivi la transformation digitale, on vous collera l’étiquette « old school » ce qui vous fera vite devenir has-been.

Soyez réaliste si vous voulez bosser. Et vous, les petits jeunes, ce n’est pas parce que vous connaissez l’activation, le social et le storytelling que vous devez vous vendre comme des seniors.

Mais ce n’est pas non plus une raison pour se brader.

Restez dans la bonne moyenne et apprenez le mot clé du free : souplesse ! La fourchette de vos prix doit être large pour pouvoir vous adapter à la demande. On ne peut pas proposer le même prix pour un dépliant ou pour une campagne internationale, pour un grand compte ou une petite start-up. A l’Oréal ou chez le boucher du coin. Sur place ou à distance. A Paris ou à Nice. Pour 2 jours ou pour une mission d’un ou de plusieurs mois. Dans ce dernier cas, il faut passer illico presto au forfait.

Si vous êtes un challengeur, vous pouvez accepter un deal perdu/gagné sur un pitch. Toutes les freelances le font. Mais jamais de carotte à zéro euros. Travailler à l’œil… Et si vous avez gagné un ou plusieurs prix, pensez que si une grande agence de pub sera sensible à votre parcours, à l’auréole des récompenses et vous permettra de rester dans la fourchette haute, la petite start-up qui lance sa crème bio éco responsable ne connait pas Cannes, et restera de marbre devant vos lions rugissants.

Jusqu’ici c’est clair, mais plus concrètement, y a-t-il une recette pour trouver son prix ?

Nous avons demandé à Eric Hainaut, Expert Comptable et Commissaire aux Comptes, mais aussi magicien et artiste des chiffres et spécialiste des freelances de la com’ et de la 
pub, de nous donner sa formule magique pour aider les free à trouver un prix de base. Alors comment on calcule, concrètement ?

"C’est effectivement une question existentielle que se posent de nombreux freelances. Il y a deux principales manières d’y arriver, mais la première question à se poser c’est combien je veux
 gagner par mois ? Imaginons que nous retenions le chiffre de 2000 euros par mois. On considère également qu’un freelance ne travaille que 15 jours grand maximum par mois.
Le reste du temps, il le consacre aux démarches administratives, au commercial ou à la comptabilité

Première méthode : la méthode statistique :
 On constate en moyenne qu’un freelance a environ 40% de frais (inclus les charges sociales mais pas les impôts). S’il veut gagner 2000 euros par mois, en considérant qu’il ne travaille 
que 11 mois par an, le prix minimum de sa journée sera de :
=> (2000 X 12/11 ) / 60% (pour tenir compte des 40% de frais) / 15 jours = 242/ jour

Deuxième méthode : la méthode réelle
 Il s’agira de faire un état de tout ses frais annuels d’y rajouter les 24000 euros (2000 X 12) annuel et de ramener le tout à la journée.
  Pour vous aider à trouver tous les frais qui seront déductibles de votre bénéfice, je vous conseille de lire ici.
  Imaginons que nous trouvions un total de 16000 euros, le prix minimum de sa journée sera de :
 => (24000 + 16000) / 11 mois / 15 jours = 242 / jour (j’ai fait exprès de retomber sur le même cout jour 😉)

Voyez, ce n’est pas si terrible que cela à calculer !

Une petite précision pour terminer : si commercialement vous déterminer un prix/jour avec votre client, n’oubliez pas que si vous dépendez de la MDA ou de l’Agessa, 
vous n’avez pas le droit de faire apparaitre sur vos factures, une facturation à la journée. Pour plus de détails, lire  ici

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