Unibet et fier de l’être

Il y a des campagnes qui énervent et qui font même détester la pub.
Unibet en est un exemple.

Pour qui a un peu de métier dans la communication, elle est l’exemple parfait de celles qui combinent la paresse des agences et la naïveté des annonceurs. Elle procède d’une pensée magique à deux balles, de celle que pratiquait à merveille un ancien président : la pensée performative.
Cette pensée consiste à croire que dire c’est faire car après avoir annoncé qu’il avait pris la mesure d’un problème, il n’avait plus besoin de s’en soucier puisqu’il avait « traité » la question.
Et voilà le travail ! On applaudit l’artiste.

Avec cette formule, l’illusionniste pense avoir berné son monde mais c’est souvent lui qui s’illusionne.

Voyons maintenant le cas Unibet. Pas besoin d’ausculter le patient pour voir qu’il est  atteint. Je vous établis le diagnostic sans besoin d’autres études: le pari en ligne n’est pas très valorisant, coincé entre le PMU et le loto sportif, Unibet est relégué au ramasse miette, au rang de gagne petit. Pas très glorieux. Et l’annonceur visiblement le sait. Donc, objectif de la com : décomplexer le parieur et rendre fier l’annonceur.

L’agence aurait ainsi du trouver une campagne maline et brillante qui donne envie de jouer, qui rende fier l’annonceur comme le parieur. Mais pour ça évidemment il faut travailler, beaucoup travailler. La création, la vraie, la bonne, celle qui ne prend pas le public pour un con, ne se trouve pas sous le pied d’un Pierre Menès.

Mais là non. L’agence s’est simplement dit: la marque veut être fier ? Eh bien, elle n’a qu’à proclamer sa fierté. Le client veut être beau ? On va lui faire dire qu’il est beau. Ben voyons ! Pensée magique du paresseux. Et le pire est que l’annonceur achète ça ! Apprenez  que tout flatteur vit au dépends de celui qui l’écoute.

Et franchement, pour l’agence dont on taira le nom par charité, il n’y a pas de quoi être fier !

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