La vérité est un dur métier, mais c’est celui du New York Times


  La cérémonie des Oscars est bien plus que la plus grande fête du cinéma. C’est l’occasion pour la très libérale Hollywood de prendre la parole sur tous les sujets qui font mal. De Marlon Brando qui, en 1973, avait envoyé une Indienne à sa place pour recevoir son Oscar pour « Le Parrain » à Michael Moore dénonçant George W Bush et la guerre en Irak, les Oscars sont une plateforme mondiale pour les activistes les plus talentueux de la planète. Meryl Streep et son brûlot anti-Trump aux Golden Globe Awards en Janvier dernier a donné le ton d’une cérémonie des Oscars 2017 résolument militante.

Stratégie gagnante donc pour le New York Times qui a choisi la soirée de remise des Oscars pour marquer son retour sur le petit écran. Contrairement aux films précédents, il ne s’agit pas d’un film commercial pour attirer plus d’abonnés, mais bien d’un film institutionnel sur le corps de son métier : la vérité.

 

 

Cette animation typo se fait l’écho de l’intense focus sur les médias aux Etats-Unis : à la veille du traditionnel « White House Press Dinner » qui sera, pour la première fois dans l’histoire, boycotté par le président américain, le New York Times se met au coeur du conflit ouvert entre Donald Trump et les médias. Suivi de près par le Washington Post, les chaînes nationales comme NBC et CNN, le quotidien américain le plus universellement admiré du public et de ses pairs est aujourd’hui la cible de toutes les attaques de la Maison Blanche.

 

L’angle choisi par l’agence Droga 5 est le plus simple et, dans le contexte actuel, le plus polémique possible : qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que le mensonge ? De simples phrases courtes et cinglantes. Accumulées. Contradictoires. Avec, de façon évidente, 2 points de vues opposés qui se télescopent et des sujets criants d’actualité : l’immigration, le droit des femmes, la Russie, l’Obamacare, l’emploi… y compris les « alternative facts » (les faits alternatifs), une vision forcément Trumpeuse de la vérité. Le brouhaha et la confusion vont crescendo.

Les fondements même du journalisme sont ici en jeu. Avec un président qui ment effrontément, y compris par ignorance, évoquer la vérité et prendre son parti est, pour le New York Times, une façon d’écrire un manifeste anti-gouvernemental.

Avec un peu de cynisme, on peut se dire que ce film n’aura pas besoin de beaucoup de budget media pour augmenter l’audience du NYT. Avant même la cérémonie des Oscars, les médias sociaux s’en emparent à bras le corps. Dès l’aube, le grand accélérateur de com. en ligne qu’est Donald Trump y est lui-même allé de son twitter. « Pour la première fois, le @nytimes en déroute va faire une pub (mauvaise) pour essayer de sauver sa réputation défaillante. Essayez plutôt de donner des infos précises et équitables !  » écrit-il.

La vérité est que plus Trump essaie de contrer les journaux et les chaînes, plus il fait monter leurs audiences. La vérité aussi, c’est qu’il n’y a rien de tel qu’une bonne crise politique majeure pour vendre du papier.

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