Ne jetons pas les bébés Evian avec l’eau des Bains

Mardi 19 avril 2016. Ambiance Surfin’ US aux Bains (ex Douches) rue du Bourg l’Abbé à Paris, pour le baptême des nouveaux « Bébés Evian ». Là où les mânes cocaïnées de Thierry Ardisson barbotent encore dans le pédiluve légèrement chloré du sous-sol. L’agence BETC offre une cure de jeunesse à sa saga « Babies » qui avait pris un congé sabbatique et n’était plus apparue en images qui bougent depuis deux ans, relayée par de l’affichage et du print.

Un bel enfant que ce « Baby Bay ». Il présente un très net air de famille avec ses aînés vus se trémoussant dans des vitrines, face à leur version adulte, ou en body de bad baby, champions de planches à roulettes. Rien que de très normal, ils ont les mêmes mamans, Valérie Chidlowsky et Agnès Cavard, le team créatif qui leur a appris à nager depuis 1998 et les a habillés de t-shirts trendy.

Sous les bébés la plage.

https://www.youtube.com/watch?v=OWG3rtGoIlI

Alors voilà, c’est un surfeur, blond. Il se prend une grosse vague, perd connaissance et échoue sur une plage californienne. Comme Gulliver, il est sauvé de la noyade par les élèves d’une étrange classe de maternelle petite section qui le mettent au sec. Comme une certaine Alice, il passe de l’autre côté du miroir et découvre ces Little People en couches culottes de néoprêne qui font tout comme les grands : un monde de bébés baba, furieusement West Coast et un peu Club Med. Quand ils sont à la gratte, on parierait que ça chante « Michaël est de retour » mais c’est Kokomo le dernier tube notoire (1988) des Beach Boys, le groupe californien mythique, qui rythme le spot. Repris par Lily Wood and the Prick, une découverte de BETC Pop, il se voit lui aussi rejeunir. C’est pour éviter le côté vintage et « donner au morceau un caractère actuel, cool mais rythmé, ultracontemporain« *. Finalement, le surfeur ressuscité se rend au bar de la plage, where else, où, pour se remettre, il se fait refiler un quart d’Evian par un mini Chicano. Pas l’ombre d’un joint, d’un rail de lait maternisé, d’une caïpi ou d’un mojito. Ici on vit jeune : Live Young. No spoil. Les bébés dans leur grande sagesse en remontrent aux fêlés de la planche, du body surf et aux adeptes de substances illicites. Car selon Valérie Chidlowsky : « Nous avons choisi de tourner de la façon la plus réaliste possible. Sans onirisme. On peut y voir un rêve mais ce n’est pas l’intention. »

Il y en toujours un pour râler

J’entends ici et là, des « Mouif », des « Bof » et « Pfft ». Sous entendu, Mouif, Bof, Pfft. Le publicitaire est cinglant, ingrat, jaloux. Qu’il se mette donc à la place des équipes. Songez donc, ces mois passés sur les plages de Cape Town (où il peut faire diablement froid), ces séances interminables de post prod pour incruster dans un décor réel, des acteurs qui se déplacent sur un fond vert… les nuits en studio pour monter, caler le son, le mixage de Lily Wood (Tu peux me le faire moins à la Brian Wilson, cocotte?). Sans compter, l’horrible client, ce rabat-joie, toujours là, un œil sur son planning, l’autre sur son devis, le troisième sur son brief marketing. Une vie de rêve qui peut susciter l’envie. Bon ok, le résultat, c’est toujours ces petites marionnettes aux gestes saccadés dont Mikros tire les ficelles. Ce sont des êtres à part, ils ne sortent pas de la maternité, ils sortent de l’imagination de créatives – vive les femmes ! On ne va pas faire la fine bouche. Notez d’un sens, sur le plan strat, un petit truc a changé : ce ne sont plus des adultes qui se reconnaissent dans leur enveloppe de bébé mais des bébés qui veulent protéger la grande personne qu’il ne manqueront pas de devenir. Alors, c’est qui qui a l’âge de raison ?

Retour vers le bain amniotique

Après tout ça, on boit un coup aux Bains, il faut couper le cordon rouge de Mumm. Les deux marraines de la fête, Agnès Cavard DA et Valérie Chidlovsky CR, qui ont porté Baby Bay sur les fonds baptismaux, flottent dans une moiteur amniotique, entourées de leurs admirateurs, jeunes et vieux blogueurs. Et Lily Wood et ses Pricks y vont de leur show case, relayés par une DJ – encore une fois, vive les femmes ! L’annonceur, ultra cool, oui, ça existe quand même, Frédéric Guichard, responsable du département aquatique de Danone, est venu en toute simplicité : « Un client avec qui on a une relation basée sur une extrême sincérité. On débat beaucoup et on s’écoute mutuellement. On aime ce type de rapports très directs et quasi amicaux.*

On s’embrasse, on se congratule, on profite des petites animations et on admire son petit sac de plage bonus : une superbe paire de tongs sur mesure dont la semelle imprimera un pied de bébé dans le sable de nos prochaines vacances, des goggles (non, j’ai pas dit Google) à monter soi-même, une adorable clé USB en forme de planche de surf, et le plus important : un quart d’eau minérale nouveau format, ornée d’une image du film. Histoire de vous rappeler qu’il y a un produit.

C’est ainsi que BETC vous met l’Evian à la bouche…

QUI A FAIT QUOI 
ANNONCEUR : EVIAN, FRÉDÉRIC RICHARD
Campagne Evian : Baby Bay 
Agence: BETC 
DC : Stéphane Xiberras 
CR : Valérie Chidlovsky 
DA ; Agnès Cavard 
Réalisation : James Rouse 
Production : Wanda Paris 
Musique : "Kokomo" des Beach Boys, 
cover par Lily Wood and the Pricks 
Production son : BETC Pop et Green United Music
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1 réflexion au sujet de « Ne jetons pas les bébés Evian avec l’eau des Bains »

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