Reporters sans frontières : le choc des (vraies) photos


reporters sans frontières-JSP-2016-01-11-à-13.04.22-300x188Entre vidéos de surveillance et témoignages instantanés et anonymes à portée d’iPhone, on en oublie souvent que des professionnels, femmes et hommes, meurent chaque année pour montrer au monde l’horreur de la guerre. Ce sont les reporters, souvent moins équipés et sécurisés qu’on ne l’imagine, et qui vivent, pour quelques jours ou souvent des mois, au rythme des populations autochtones. Certains sont blessés, tués, et combien se retrouvent otages pour envoyer au monde le témoignage saisissant des misères du monde. Leur mission : rendre compte, et toujours assurer la liberté de la presse.610_capa_intro-530Le photographe Robert Capa, et l’agence Magnum qu’il a co-fondée en 1947, était l’un des pionniers du métier de photo-reporter, une figure de proue d’une profession admirable et parfois héroïque. Le 50ème album « 100 photos pour la liberté de la presse » de Reporters Sans Frontières (RSF) lui est consacré. Ses images couvrent des conflits d’un autre siècle, mais qu’on ne peut pas et ne doit pas oublier : la Guerre d’Espagne, la seconde guerre mondiale, la première guerre d’Indochine, la première guerre israélo-arabe de 1948…mostra-robert-capa-in-italia-1943-1944-530Loin des studios glamour et des images bien préparées, le métier de photographe reporter, souvent freelance, demande la technique et l’œil d’un grand photographe, mais aussi beaucoup d’abnégation et de sens du sacrifice. En un mot, c’est une véritable vocation. Avec les centaines de conflits dans le monde et des guerres de plus en plus aveugles, c’est une vocation en train de s’étioler, avec une baisse de 40% des effectifs.

C’est la raison pour laquelle, cette semaine, RSF lance une nouvelle campagne vidéo, « Reporters de guerre », avec la complicité de BETC ( DC: Stéphane Xiberras, Jean-Michel Alirol, Dominique Marchand ).

« Sans Reporters indépendants, la guerre ne serait qu’un joli spectacle » : la vidéo de RSF joue sur le contraste entre la face « officielle » et haute en couleurs de la guerre et des défilés militaires, et la cruauté des images nues, souvent en noir et blanc, des photo-reporters. Il est intéressant de noter que les défilés ne sont pas seulement ceux de pays autocratiques comme la Corée, l’Iran, les pays du golfe ou la Russie, mais aussi des images de défilés du 14 Juillet ou de Georges Bush. Comme quoi la propagande est partout, et les démocraties savent, elles aussi, manipuler ce qu’elles nous montrent de la guerre. La différence, c’est qu’elles ne zigouillent pas leurs journalistes…Char-530-Le JSPLe message est simple, direct. Efficace ? Espérons-le. Subtil ? Pas vraiment. J’aurais personnellement préféré une approche plus symbolique et plus dérangeante – plus émotionnelle et coup de poing. Mais j’écris ça bien au chaud, chez moi, alors qu’en Syrie, en Irak et partout dans le monde, il y a des objectifs braqués sur l’horreur. Le seul moyen de soutenir ces photographes-témoins est d’acheter l’album de RSF, et surtout de toujours garder un regard critique et vigilant sur l’information « officielle ».Le jour sans pub-reporters sans frontères-2016-01-11-à-12.49.24-300x188

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5 réflexions au sujet de “Reporters sans frontières : le choc des (vraies) photos”

  1. Je pense que l’idée est de faire naître des vocations et de « recruter » de nouveaux photo-reporters. Le nombre de reporters et photo reporters tués dans les conflits ne serait peut-être pas très engageant. Mais je suis bien d’accord qu’il n’y a pas assez de dramatisation pour que le message passe. Et ce d’autant qu’en format long, et sur internet, il est fort possible que la seconde partie de la vidéo passe à l’as…

  2. Ah ! la marche de Radestsky, le kick-off concert straussien du 1er de l’an avec tous les Viennois endimanchés qui tapent dans leurs mains ! Un régal. Un beau film, bien monté, jolis cadrages et puis clic-clac, les cadavres, c’est exquis. Création d’un team excellentissime. Ça dit assez bien ce que ça veut dire. Pour un peu, on ne vous montrerait que la fleur au fusil mais loin de la propagande, le courage de reporters qui mitraillent la tragique vérité. Je n’aurais pas la dent aussi dure que vous.

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