Demain, notre énergie sera poétique

En ce matin du vendredi 30 octobre le public du CreativeMornings reste suspendu aux lèvres de l’orateur qui conte la genèse d’une fascinante invention…

Ce jour là, en pleine écriture d’un roman, Jérôme se promène au jardin du Luxembourg, laissant voguer son imagination. Il cherche une idée, une invention dont son héros serait l’auteur. Nous sommes en 2011, Fukushima vient de nous rappeler les périls du nucléaire et le monde aspire plus que jamais aux énergies nouvelles.

Son regard alors se porte sur des feuilles d’arbre qui bougent malgré un vent inexistant. Il tient son idée : une éolienne conçue comme un arbre dont chaque feuille produirait de l’électricité. Elle occupe 10 lignes dans le roman et elle est vite oubliée. Jusqu’au jour où après lecture du manuscrit l’éditeur lui demande des nouvelles de cette formidable invention. Il comprend qu’il a là l’occasion de créer quelque chose de plus important que les scénarios qu’il écrit pour la télé.

Il consulte un oncle, qui fut concepteur du concorde. L’illustre ingénieur le dissuade de poursuivre dans cette voie : l’éolien c’est bon pour les hippies. Et puis pourquoi s’embêter à mettre des turbines dans chaque feuille, c’est idiot. Un autre oncle en revanche, après quelques calculs l’encourage à persévérer. Jérôme investit ses droits d’auteurs et parvient à convaincre de jeunes ingénieurs de le suivre dans l’aventure.

tableau-Arbre-A-vent3 ans plus tard le résultat est là : un arbre de 10 m de haut avec 63 feuilles dotées de petits générateurs (aeroleafs), pouvant alimenter en électricité un foyer de 4 personnes. En plus d’être beau (dessiné par Claudio Colucci) et silencieux, répondant ainsi à la principale critiques adressées aux éoliennes, il ne lui faut qu’un vent à 2m/s pour démarrer. Il fonctionne donc 280j/an en moyenne au lieu de 120 pour un système traditionnel.

On peut dès lors envisager l’indépendance énergétique pour le plus grand nombre avec une production de proximité jusqu’au au cœur des villes en préservant l’environnement.

Le propre des grandes idées est qu’elles en génèrent beaucoup d’autres. Ces aeroleafs font turbiner l’imagination des architectes qui peuvent les installer partout : sur les toits, terrasses, plafonds, gaines d’aération, pylônes. Partout où il y a le moindre courant d’air. Car le vent en ville est partout (à se demander même si certains couloirs du métro ne pourraient pas produire l’équivalent de la centrale de Fessenheim).

Jerome Michaud-Lariviere-aeroleafDes arbres à vent vont bientôt pousser à Aubervilliers, à Rungis, à Velizy mais aussi à Genève et en Allemagne. La Corée se dit intéressée. Arnaud Montebourg, séduit, investit dans le projet. A la COP 21 deux arbres seront exposés par Engie. Ce sera un rendez-vous capital pour la jeune société Newwind dont Jérôme Michaud-Larivières est le PDG. Tous les espoirs lui sont permis…

Aujourd’hui vendredi 30 octobre Jérôme revient sur son parcours pour le public conquis réuni à l’Espace Commines.

A ce rendez-vous conçu pour diffuser au plus grand nombre les idées des créateurs, Jérôme sait qu’il ne s’adresse pas à des financiers, des commerciaux ou des ingénieurs. Il commence son exposé en citant Bachelard, parle pour le créateur de la difficulté de déjouer les obstacles, de garder une raison inquiète en refusant les arguments d’autorité. Il dessine la philosophie de son parcours. Bachelard à la fois physicien et poète fut sans doute la grande figure qui le guida dans la création de cet objet poétique qu’est l’arbre à vent. Et puis Jérôme nous raconte ses débuts : un jour qu’il se promenait au Luxembourg…

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