À New York, Uber contre-attaque

2015-07-18 11.13.31En bonne citoyenne française résidant à l’étranger, le conflit « Uber contre taxis » ne m’a bien sur pas échappé. Comme la plupart des new yorkais, j’ai trouvé que c’était un combat d’arrière-garde et que ça finirait par s’arranger tout seul. J’étais loin de me douter que ce conflit corporatiste très hexagonal allait plutôt inspirer la politique de la grosse pomme et de son Maire, Bill de Blasio.
C’est d’abord en tant qu’usager d’Uber que j’ai appris la nouvelle, avec un message militant – « TAKE ACTION » – sur mon app me demandant d’envoyer un email à de Blasio. Je ne connais pas encore les chiffres, mais je suis sure que beaucoup l’ont fait.

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Licences de taxi vs Medalions

La colère d’ Uber est née de la volonté du maire de New York de limiter le nombre de nouveaux « drivers for Hire » à New York. Aujourd’hui, pour la plupart, ces nouveaux chauffeurs roulent pour Uber. En créant le « De Blasio Uber », l’app démontre concrètement (exagère?) les effets qu’auraient cette nouvelle réglementation sur le temps d’attente: de 20 à 25 minutes.
Contrairement à la France où il existe encore des artisans taxis, les yellow cab drivers louent leur voiture à la journée à de gros – très gros – propriétaires de « medalions », l’équivalent de la licence de taxi. C’est un peu comme si tous les taxis parisiens étaient des G7 ou des taxis bleus.
Ces surpuissants magnats du compteur forment aussi un joli petit lobby de donateurs pour les campagnes politiques… d’où le ton polémique de la campagne qui a commencé cette semaine sur les plus grandes chaînes de TV. Avec un budget… non communiqué.

 

 Uber vs Misère.

Pilotée de main de maître par David Plouffe (quel nom!), ancien conseiller du président Obama, la campagne testimoniale est un véritable cours de stratégie. Politique et marketing ne font décidément plus qu’un.
D’abord, attaque en règle du Maire et de ses acolytes, accusés, en gros, d’être payés par les exploiteurs de Yellow cabs.
Puis, bénéfice consommateur: un Uber vous emmène où vous voulez – pas un Yellow cab… C’est du vécu. J’ajouterai même que, bien qu’il y en ait beaucoup, on ne peut qu’héler un Yellow cab et on se retrouve souvent en rade, dans une ville où les transports en commun vous rendent nostalgiques de la RATP.


Enfin, témoignages parfaitement huilés sur ce qui se cache réellement derrière tous les Uber, partout où ils sont: l’aspect social. Uber, c’est un retour à l’emploi pour beaucoup de laissés pour compte et de chômeurs. Il est dit qu’à New York, ce sont 10.000 personnes – donc familles – qui sont menacées d’un retour à la case pré-Uber.

2015-07-18 11.13.34Profits vs Profits

Créativement, j’aurais bêtement attendu de l’emblème de la révolution économique digitale une campagne TV bien moins traditionnelle, et plus en accord avec l’alerte sur l’app Uber… Je suis néanmoins certaine que la bonne vieille recette marche encore. Too bad!

Au final, avec une campagne qui coûte des millions – sans compter les mailers et autres email blasts pour signer des pétitions etc… – tout ce discours très politique sent quand même la manipulation. Alors que la semaine dernière, en Californie, Uber s’est vu infliger une amende de $7M pour non respect de règles concernant la prise en charge de passagers, on se dit quand même que c’est une entreprise qui rapporte énormément d’argent.

Uber App ou politique du bras tendu, le capitalisme des transports a encore de beaux jours devant lui. Pas sûr que ce soit forcément au profit des chauffeurs… ou des passagers.

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