La guerre des bonbons

Un ouragan de bonbons acidulés a déferlé sur Londres et New-York en novembre dernier ! Pour la soirée de lancement de Candy Crush Soda, le développeur King Digital Entertainment a transformé la Tamise en fleuve multicolore !

Une fontaine de soda surmontée d’un ourson géant fût installée sous le Tower-Bridge et l’ex-Pussycat Doll, Nicole Scherzinger, prit soin de la déclencher. En tant que fan du jeu, cela coulait de source pour elle !

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Rares sont les entreprises créatrices de jeux smartphone qui réalisent des campagnes télévisuelles ; elles parient communément sur le bouche à oreille et les réseaux sociaux… sans parler de ces satanées notifications Facebook dont nous avons tous été victimes ! Mais King Digital Entertainment entend sortir du lot avec ce spot. C’est l’agence londonienne WCRS qui en a assuré la réalisation et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on en prend plein les mirettes.

On y retrouve tous les codes du film de science-fiction ; à ceci près que les météorites et les astronefs sont remplacés par des bonbons colorés qui pleuvent sur la ville ; l’habituel virus transforme  les visages des passants en dragées et en gourmandes billes d’agates. Le monstre qui en principe piétine copieusement les buildings et se martelant le torse se révèle être un ourson tout doux, tout mignon, qui flotte comme un soleil bienveillant dans le ciel New-Yorkais.

Ah, si la ville entière était comestible ! Si l’on pouvait mordre dans les néons acidulés des enseignes, lécher les barres du métro comme des berlingots ! Car avec ses parties interminables reposant sur l’achat de vies supplémentaires et de boosters, le jeu le plus téléchargé au monde (plus de 100 millions d’usagers) est fondé sur le principe d’une faim insatiable !

On pourrait même s’aventurer à interpréter le message que Candy Crush semble glisser en filigrane, et tout particulièrement à la gent féminine : goinfrez-vous sans jamais prendre un seul gramme !! L’idée à de quoi séduire. Contrex et Spécial K n’ont qu’à bien se tenir !

Il était temps que King Digital Entertainment adopte une nouvelle stratégie ; les procédés de marketing viral trop intrusifs ont tendance à agacer les internautes et le jeu, qui représente près des trois quarts du chiffre d’affaire du développeur, commençait à accuser une perte de vitesse. Beaucoup considèrent d’ailleurs ce Tétris des temps modernes comme une interface de monétisation (ou un casino portatif si vous préférez) et non comme un jeu ; la vacuité de l’application et l’absence de progression réelle étant souvent pointées du doigt. Praline sur le gâteau, l’APA (American Psychiatric Association) réclamait en 2013 qu’une cellule virtuelle de désintoxication soit mise en place pour aider les plus accros !

King Celebrates the Launch of Candy Crush Soda Saga by Flooding a New York City Street With Purple 'Soda'

Friandise numérique, zéro risque ? Pas sûr. D’autant que l’on peine à trouver la véritable innovation de Candy Crush Soda par rapport aux volets précédents. Pour ceux qui vivent sur Mars depuis plus de trois ans, rappelons que le principe de Candy Crush est d’assortir des friandises similaires afin de marquer des points. Dans ce nouvel opus, la règle demeure la même ; seul le soda qui monte à mesure que l’on casse des bouteilles ou l’apparition de petits oursons apporte un peu de nouveauté.

Si le jeu ne brille donc pas par l’évolution de son contenu, WCRS conserve une bonne force de frappe du fait des énormes moyens mis en œuvre dans cette campagne : on prévoit d’autres invasions d’ours gélatineux à Paris, Berlin ou encore Sydney. Cependant, et le conseil vaut autant pour l’annonceur que pour les fans de Candy Crush, gare à l’indigestion !

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