Ni Putes ni Soumises : une campagne qui frappe très fort

Merci de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Valérie Chidlovsky

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Regarder en direct le passage à tabac d’une gentille fille, celle à qui on vient juste de dire bonjour à travers son ordinateur, assister impuissant à la violence de son partenaire qui la frappe à grands coups de poing jusqu’à ce qu’elle demeure presque immobile, en position fœtale, c’est un choc sans précèdent.

Pendant une trentaine de secondes, l’internaute est pris à témoin d’une scène de violence domestique et devient voyeur, malgré lui. Puis, un message apparait dans la boîte de bavardage : “Là, vous ne pouvez rien faire pour elle. Mais si ça arrive à votre soeur, votre voisine ou une amie, agissez. » Avec les coordonnées du site Ni Putes Ni Soumises. C’est la deuxième baffe. Dur de découvrir qu’il s’agit d’une campagne de pub et qu’on s’est laissé prendre à son propre jeu. C’est bien le but de la campagne qui vise à « provoquer un choc émotionnel puis à apporter une réponse rationnelle« , comme explique Véronique Sels, directrice de création à Publicis.

Les femmes battues, ce n’est pas parce qu’on l’entend qu’on comprend. Et qu’on réagit. En France, une femme meurt tous les deux jours des coups portés par son conjoint, beaucoup de violence déferle sur Internet et une jeune fille a même été battue par ses frères pour avoir chatté sur MSN. Pour sensibiliser les jeunes au problème, l’association Ni putes ni soumises a souhaité mettre l’accent sur la responsabilité individuelle en cherchant à libérer la parole autour du problème. Cette campagne électrochoc, créé par l’agence Publicis met la cible face au problème et pas seulement en sens figuré. Oui car pour sensibiliser les 12-25 ans à la violence, l’agence est descendue sur le terrain même de la cible en détournant Chatroulette, le site le plus prisé par la nouvelle génération et en lui faisant vivre une expérience inédite afin de les faire réagir. Une idée osée, mais forte et pertinente et plus que légitime.

Chatroulette, c’est le site à la mode qui permet de chatter avec des gens de la planète toute entière en se regardant droit dans les yeux. Oui, car le petit détail qui tue, c’est la webcam. Et aussi le bouton « next » qui permet de zapper d’interlocuteur pour passer au suivant car, comme le nom du site l’indique, ce chat ressemble à une roulette. On peut tomber sur un sadique, un voyeur, bref sur n’importe qui et sur n’importe quoi. Un jeu dangereux en quelque sorte. Eh cette fois, ceux qui cherchaient le frisson ont été servis.

Quelques heures après sa mise en ligne, la vidéo avait disparu. Manque d’accord avec Chatroulette ? Pas d’autorisation juridique ? Ce n’était qu’un premier test ? Quelle importance ! Sans ou avec vidéo, le buzz a fait déjà le tour de la toile. Désormais vous pouvez la visionner ici ou là où elle a migrée. Bien sûr, c’est hard et elle frappe très fort, mais c’est pour la bonne cause. On dit qu’en amour et en guerre tout est permis. J’ajouterais que pour certains combats il ne faut pas avoir peur du choix des armes.