Chanel et le train-train de nuit

Chanel, une marque qui a du nez ?

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En voiture ! Le parfum mythique de Chanel N° 5 nous embarque dans le légendaire Orient Express pour un voyage au bout de la passion. Qui ne me convainc pas totalement.

Un « train de nuit » sert de décor au jeu sensuel et charnel entre une femme irrésistible et un bel inconnu (le mannequin américain Travis Davenport).
Certes, c’est un fantasme qui peut faire marcher l’imagination de certains, mais qui devient moins évident quand la protagoniste s’appelle Audrey Tautou, absolument parfaite dans le rôle de la candide Amélie Poulain, mais bien moins crédible dans celui de l’ensorceleuse.

Comment une fille au physique frêle et à la sensualité discrète peut se transformer en séductrice voluptueuse ? Sans compter qu’elle succède à des déesses plantureuses ou à des muses-icônes qui ont su produire une alchimie parfaite entre l’élixir d’amour et le symbole de la séduction. La première égérie du parfum ce n’est rien que Marilyn Monroe. Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Estella Warren, Nicole Kidman ont été les dernières. Le charme peut-il remplacer le rêve ?

Jean-Pierre Jeunet s’en sort la main haute. Avec trois pirouettes et deux girouettes. Superbement orchestrées.
Le réalisateur essaye de faire passer l’émotion à travers le jeu de lumières et arrive à rendre sensuel l’éclat d’une pupille ou la fragilité d’une nuque. Et en donnant le vrai pouvoir érotique à l’irrésistible philtre d’amour, le Chanel N° 5. Le produit est le déclencheur magique de la passion, jusqu’à son apogée, où l’accouplement est symbolisée par la magnifique image des deux C entrelacés. Aucun mot, juste le bruit du train, suivi de “‘I’m a Fool To Want You” de Billie Holiday.

Que dire ? Joli film très esthétique avec des images sublimes, de belles couleurs et une excellente réalisation. Mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Du beau, certes, mais rien de nouveau. Il manque le petit « plus », celui qui fait qu’on soit pris complètement dedans. Malgré le talent du réalisateur, les regards d’Audrey Tautou expriment plus l’étonnement que la sensualité. Pas de folie, de frissons ni d’étonnement. Un magnifique film sage et convenu et une sensation de déjà vu. Et surtout aucune prise de risque côté annonceur. Même Tatou-Coco avant Chanel c’est un choix marketing très logique, mais attendu. «Totalement fortuit », dit Sophie Vergès, directrice du service de presse France de Chanel Parfums qui affirme avoir laissé le choix de son égérie au réalisateur. Mais après le mini-Moulin Rouge pour Kidmann, on a du mal à croire à une nouvelle coïncidence.

La légende raconte que ce parfum unique, intemporel et inégalable qui a séduit les femmes du monde entier, est né d’une erreur d’une laborantine qui se serait trompée dans le dosage d’aldéhydes.[1]) Je regrette que Chanel ne se soit pas trompée une nouvelle fois dans ses ingrédients.

Notes

[1] aldéhydes= molécules synthétiques existant à l’état naturel dans le zeste des agrumes

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4 réflexions au sujet de “Chanel et le train-train de nuit”

  1. Je suis d’accord. Difficile de fantasmer sur un film qui joue sur les fantasmes. J’adore Audrey Tautou qui est fraîche et naturelle, mais je ne la trouve pas à l’aise dans le rôle de femme sensuelle, son regard n’exprime pas du tout la passion. Tandis que le regard humide de Monica Bellucci…

  2. L’image, les mouvements de la caméra dans l’espace, somptueux d’un point de vue graphique, esthétique subliment les paysages, les visages, jusqu’au décor le plus banal, mais éloigne de l’EMOTION et de la SENSATION, jusqu’à la plus basique…
    C’était déjà le défaut d’"Un long dimanche de fiançailles"… ce n’est pas cohérent avec l’univers ludique et étrange qui a fait le succès de Jeunet, celui que l’on aime et pour lequel il est doué.

    La publicité et le ‘name dropping’ c’est une mode dont on se demande quand elle va s’essouffler? Prochaine affaire : Dior par Olivier Dahan.

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