En attendant Hervé Brossard

L’éternité, c’est long, surtout vers la fin. Woody Allen

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Hervé Brossard est un type très occupé. Déjà le métier de Président ce n’est pas de tout repos. Alors quand un Président est doublé d’un Président…

M. Brossard est Président du groupe DDB France, Président du groupe DDB Europe, Chief Client Officer de DDB Worldwide, Président du Conseil de Surveillance. Et Président de l’AACC. Et oui, un président peut en cacher un autre. Et même plusieurs.

Il n’y a pas que les publicitaires et les politiciens qui savent ménager la chèvre et le chou et maîtriser parfaitement l’art du dédoublement. Hervé Brossard est partout à la fois. Comme Sarko. Enfin, presque. Car il y a quand même une petite différence : Hervé est bien plus photogénique que Nicolas. Il parait qu’il était un ancien mannequin.

Si on considère son emploi du temps, on est bien obligé de reconnaître qu’Hervé Brossard a quelques bonnes raisons de nous faire poiroter. Entre son agence parisienne, l’Européenne et la Worldwide, il a du pain sur la planche. Sans parler de l’AACC. En tant que représentant des agences de communication, il doit s’exprimer sur la profession, analyser des campagnes, se pencher sur la charte éthique, réfléchir à la pollution, au sexisme, à l’obésité, à l’anorexie, la boulimie, bref à tous les nouveaux maux dont on accuse la pub. Sans compter qu’il doit inaugurer et présider des manifestations, distribuer prix et Trophées dans la France entière et ailleurs. Et aussi participer à des cocktails, à des dîners où il doit faire preuve de disponibilité et d’amabilité, même face aux enquiquineurs, aux fayots et aux boudins qui lui collent aux basques. Il est aussi sollicité par la presse, la télé et la radio. Sans oublier la toile. On peut l’écouter et le voir sur le Net, en format téléchargeable. Ou le louer en DVD pour une soirée. Bref, pas facile d’être Président.

Mais l’équipe commence à trépigner. Ça fait trop longtemps qu’on attend. Pour ceux qui auraient du mal à suivre, ça fait un an que Jacques Séguéla lui a parlé de notre projet, cinq mois que je lui ai envoyé le premier dossier, quatre mois qu’il a reçu mon courrier-carpette et deux mois qu’il a promis de nous rencontrer. Ça commence à chiffrer.

Peu importe la réponse, mais tout le monde a besoin de savoir, histoire d’être fixé. Si ça se trouve, après ce rendez-vous, nous serons obligés de tout arrêter. À quoi bon de continuer à se battre ? Il faut vite le rencontrer. Et ce n’est pas la version téléchargeable qui nous fera avancer.

Florence exprime tout haut ce que nous pensons tout bas : « Et si son but, c’est de nous épuiser, pour qu’on finisse par se lasser ? »

On peut théoriser à loisir sur les raisons qui lui font repousser notre rencontre, mais ce n’est pas ça qui fera avancer le schmilblick. Je prends donc la relève de Céline, qui commence à divaguer en multipliant ses flèches au curare en direction de ce type qui, comme elle dit, ne tient pas ses promesses, évite sournoisement le dialogue et nous fait danser le tango. Car, comme tout le monde le sait, les pitbulls n’aiment pas les vieilles danses aux figures compliquées. Je contacte donc l’assistante de M. Brossard. Céline me met en garde : Anne Courgibet saute au plafond rien qu’à entendre mon nom.

Pourtant l’assistante de M. Brossard ne crie pas, ne s’évanouit pas. Elle m’accueille avec une extrême gentillesse. Elle me dit que M. Brossard vient de rentrer de voyage, qu’il n’a pas encore eu le temps de consulter le dossier et qu’il va avoir une semaine bien chargée. Mais qu’il me tient au courant, dès qu’il en aura pris connaissance.

Les jours passent, mais, malgré mes coups de fil quasi quotidiens, rien n’avance. M. Brossard est aux USA, M. Brossard vient de rentrer, mais il est très occupé. M. Brossard repart, revient, repart, revient. Elle va le relancer. Je commence à en rêver la nuit. Si ça continue, ça va tourner au cauchemar.

On dit que le pire dans le pire, c’est l’attente du pire. Pour moi le pire du pire, c’est l’attente, tout court. Elle a été sûrement inventée par un sadique. Ou par un fabricant de tranquillisants.

Et voilà que je reçois un mail d’Anne Courgibet qui me précise que M. Brossard me contactera au plus tard dans une semaine, après les résultats de l’élection du Président de l’AACC pour me donner un rendez-vous. S’il est réélu, bien évidemment.

Le Président attend de savoir s’il sera encore Président. Cet argument, agrémenté de la date qui va avec, apaise les esprits pendant au moins une semaine.

Enfin la nouvelle tombe. M. Brossard vient d’être réélu pour deux ans, à l’unanimité, à la présidence de l’AACC. Youpi ! L’attente touche à sa fin.

Ce qu’on croit. Pourtant le mauvais film recommence, Non, il n’y a pas d’erreur, M. Brossard nous demande de patienter encore, au moins jusqu’à la fin du mois. Non, il n’a pas précisé de quelle année.

Mais si nous ne voulons pas attendre, nous pouvons contacter Marie-Pierre Bordet, vice-présidente et Déléguée Générale à l’AACC. Tiens, le fameux passage de la patate chaude est terriblement en vogue dans la profession.

Conclusion ? Pour l’instant pas de pot de départ pour le Président. Et pas de pot pour nous. Je peux recommencer à compter les jours et les moutons. Dis, c’est encore loin l’éternité ?

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17 réflexions au sujet de “En attendant Hervé Brossard”

  1. Peut-être que M. Brossard pense que votre désir de le rencontrer n’est motivé que par un souhait d’utiliser sa notoriété de président comme un levier, et qu’il n’y a que le cercle de votre équipe qui serait intéressé de savoir ce qu’il pense de votre projet, et que par conséquent, nous, le grand public, alias le consommateur, se ficherait un peu de l’avis d’un type inconnu jusqu’alors, disons moins populaire que M. Séguéla.

    Si c’est cela dont il s’agit, je veux bien témoigner pour dissiper cet a priori possible…

    En cherchant sur le Net, comme n’importe quel internaute curieux, j’ai vu que M. Brossard avez une façon de penser globale doublée d’une communication limpide, ce qui donne vraiment envie de l’écouter davantage dans ses nombreuses interviews.
    D’ailleurs, j’ai une longue question à lui poser :

    M. Brossard, vous dites, dans une de vos interviews sur le site de l’UDA, que ce sont les médias et des pouvoirs publics qui créent la peur (obésité, campagnes sexistes, violence…), et qui engendrerai donc la suspicion éprouvée par les consommateurs envers la publicité.
    N’est-il pas plus juste de dire que la part d’influence des médias et des pouvoirs publics est minime, du fait que l’homme actuel est plus autonome (éducation favorisant une attitude de recherche), et qu’il possède et maîtrise de plus en plus des outils interactifs lui permettant de se renseigner et même de participer dans ce monde de l’information ?

    J’aimerai beaucoup que M. Brossard réagisse ici sur le blog, d’autant que sa polyvalence promet des échanges riches et ouverts d’esprit.

    En tout cas, un petit feedback de sa part serait déjà un vrai pas de fait vers une pub moins suspicieuse.

  2. Si j’ai tout compris, le desir de rencontrer monsieur Brossard c’est bien plus qu’un desir, je dirais une condition "sine qua non".
    1. Il est président de l’associations des agences de pub, donc il peut apporter un véritable savoir faire professionnel.
    2. Sans son appui, ni Metrobus, ni l’UDA, ni d’autres participerons au JSP.
    Donc son conseil et sa caution sont des incontournables pour que ce projet JSP voit le jour. Ceci dit, je serai bien étonné que quelqu’un qui évite regulièrement le dialogue, vienne s’exprimer ici. Ce n’est pas le premier qui s’exprime officialement de manière ouverte, avec les journalistes, mais qui reste fermé à toute forme de dialogue. avec les consommateurs Une interview ou un échange réel, ce ne sont pas la même chose. Mais restons optimistes et positifs !

  3. Il faut une bonne dose d’optimisme pour penser que M. Brossard veuille communiquer avec les consommateurs;-) Il prefere nous voir à travers les chiffre d’Ipsos & company. Nous sommes des poucentages, des chiffres, pas des personnes. Oups ! je ne suis pas très optimiste. Ok, Ok, Sacha, Fred, je positive.. et j’attends voir.

  4. J’apprécie beaucoup ton blog que je lis systématiquement. Le contenu est riche et le ton très drôle. C’est un véritable plaisir de te suivre.
    Pour le JSP, si j’ai bien compris, si tu ne rencontres pas ce monsieur president de l’AACC, il y a des chances que ton projet tombe à l’eau.
    Si c’est le cas, pourquoi ne pas demander aux lecteurs du blog de signer une petition pour te soutenir ? On pourrait t’envoyer un mail de soutien que tu rredirigeras vers l’AAACC. Le fait d’être suivi par des milliers de consommateurs, pourra faire avancer ton projet.

  5. Autre idée :
    Vous transformez le titre en "EN ATTENDANT HERVÉ BROSSARD" afin d’optimiser le référencement de cette page pour une recherche sur "Hervé Brossard", et ainsi rendre visible la considération que M. Hervé Brossard, président de l’AACC, porte à l’égard des consommateurs et de ses confrères qui cherchent à établir le dialogue.

    D’ailleurs, j’invite tout le monde à écrire "Hervé Brossard" en entier pour ne pas engendrer de confusion avec "Papy Brossard"…

  6. Vue dans cette logique, ta remarque est plus que pertinente.
    Moi, j’étais plutôt dans le symbolique que dans le rationnel.
    En effet le titre "EN ATTENDANT BROSSARD" avait une double référence : 1.Je pensais au livre de Michel Vianey " EN ATTENDANT GODARD".
    En profitant de la sonorité des deux noms, je voulais faire un clin d’œil à M. Brossard, en le renvoyant à M. Godard, personnage créatif et courageux qui a toujours eu l’intelligence d’expérimenter et d’innover et qui a cherché les choses au-delà des choses. 2. La célèbre pièce de Samuel Beckett « EN ATTENDANT GODOT », où deux personnages attendent l’arrivée d’une figure qui va les sauver, dernier espoir de changement, mais qui ne vient jamais, me semblait parfaite pour illustrer notre situation. d’accord, ma démarche est un peu intello et au troisième dégrée, mais, très tentante.

  7. J’ai lu votre article sur le livre "Génération Participation" sur votre autre blog et Thierry Maillet, qui est un éminent homme marketing a la même analyse que Fred sur l’autonomie du nouveau peuple de connecteurs. La question de Fred est donc pertinente et très intéressante. Ce serait vraiment cool de pouvoir commencer à discuter du sujet avec M. Brossard, ici même. Pourquoi ne pas lui demander ? Cordialement. Brice

  8. D’accord, je demanderai à M. Brossard s’il veut bien intervenir ici pour répondre à vos questions. Mais, comme vous le savez bien, rares sont ceux qui acceptent de débattre publiquement. Souvent les gens préfèrent réagir par mail, une forme de prise de parole bien plus discrète. Il faut beaucoup de courage pour s’exposer ou donner son avis. Et les « courageux » ne courent pas les rues. D’ailleurs j’en profite pour rendre hommage à Michèle Ferrebeuf, qui n’a pas hésité un seul instant à venir discuter avec vous.

  9. En 2004, lors d’une interview, M. Hervé Brossard affirmait que les créatifs sont les responsables de la publiphobie ambiante. Je suis créatif et cette affirmation m’a beaucoup choqué. Je trouve que c’est trop facile et très hypocrite de mettre tout sur le dos des créatifs. M. Brossard, vous savez bien que les créatifs n’ont aucune marge de manœuvre et leur liberté d’expression se limite à la forme. Vous savez aussi que c’est la tête qui dit aux bras comment fonctionner. Désormais tous les patrons sont devenus « politiques ». Ils ont remplacé les enjeux créatifs par des enjeux financiers et se sont mis à la botte des annonceurs trouillards. « Merci qui ? » résume bien la nouvelle attitude des agences. Les créatifs n’ont aucun pouvoir et sont soumis aux stratégies mollassonnes qui ne peuvent pas déboucher sur des grandes idées.

    M. Brossard, si vous pensez sincèrement que les créatifs sont responsables de cette tendance antipub, que proposez-vous ? Une mutinerie ?

  10. M. Brossard, j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt une interview que vous donnez sur le net au sujet du “greenwashing” Vous avez un discours très convaincant et vous donnez l’impression d’un homme honnête, respectueux du consommateur et à l’écoute de la société. Nous sommes beaucoup à attendre que le « jour sans pub » se réalise et nous avons du mal à comprendre pourquoi cette magnifique initiative est rejetée par les associations qui ne veulent même pas prendre la peine d’en discuter avec l’auteur et son équipe. Je voudrais essayer de comprendre comme quelqu’un comme vous qui a une vision claire de la société et un poste qui demande une grande ouverture et des qualités d’écoute est fermé au dialogue et refuse une discussion concernant la pub et le consommateur.

    Voilà mes questions :
    En quoi une action menée par un publicitaire et soutenue par les consommateurs pourrait nuire à votre combat ?
    Pensez-vous que nous ne sommes en mesure de prendre la parole et de discuter avec les publicitaires et les marques ?

    Merci par avance. Très cordialement.
    Michelle

  11. Petite réflexion à la suite du billet de Michelle:

    Je pense que :

    1. C’est un monde d’autocongratulation et d’échanges d’ascenseur.
    2. A force de décortiquer le métier et d’être exposé à toutes sortes de questions, on est en mesure d’assurer une interview et de répondre aux questions avec aisance. Hervé Brossard peut donner des bonnes réponses par avance. Mais bien parler ne signifie pas bien agir. ( la politique est un bon exemple…)
    3. Chaque publicitaire sait que l’image de marque est très importante. Soigner la sienne c’est essentiel surtout quand le publicitaire est aussi président.
    4. Une bonne idée devient excellente à condition d’en être à l’origine. Les associations ne donnent suite qu’aux projets qui émanent des associations. (voir point 1)

  12. Ce mec est comme la plupart des autres patrons publicitaires. Beaucoup de vent… Pour parler aux médias ils sont tous champions mais dès qu’il faut entamer une véritable discussion ou répondre à des vraies questions, ils manquent de c…
    Ils sont à l’aise devant un micro ou autour d’une table avec d’autres mecs dans le même style, puisqu’ils adorent s’entendre parler. A part la Ferrebeuf, il n’y en a pas un qui a eu le courage de démarrer une discussion.
    Votre copain le journaliste a raison, il n’y a qu’un politicard qui peut les faire bouger.

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