Une perle à la Mairie de Paris

Une perle peut prendre des reflets étonnants. Aujourd’hui ils sont bleu blanc rouge.

hoteldeville

Il y a quelques jours, elle n’était qu’un nom sur un CV. Aujourd’hui, elle est le porte-drapeau du JSP. Céline a quitté son allure de femme espiègle pour revêtir l’image officielle, celle qu’elle arbore quand elle rencontre les élus. Et dieu sait si elle en a rencontré !

Elle m’attend devant l’immeuble où sont situés les bureaux de la communication de la Mairie. Non, non, pas celui auquel vous pensez. Pas le magnifique siège de la municipalité parisienne, mais l’autre, juste derrière, rue Lobau. Un immeuble ordinaire dans une rue quelconque.

Nous avons rendez-vous avec Caroline Chall, chef de projet à la Direction générale de l’information et de la Communication, en charge du dossier JSP.

Nous empruntons un ascenseur qui ressemble à un monte-charge et qui s’ouvre sur des couloirs froids et impersonnels, dont le seul ornement sont les portes et les fenêtres. Caroline Chal nous reçoit dans son bureau, tout à fait semblable aux autres. Il est dépouillé et d’une rigueur presque soviétique. Rien à voir avec le luxe des agences de communication qu’on connaît. Pas de canapé Le Corbusier, ni de déco design, même pas une « Tizio », la lampe culte pour éclairer.
Les seuls rayons de lumière sont son regard pétillant et son verbe brillant. Personne ne pourra dire que la Mairie de Paris dépense l’argent des contribuables pour héberger son service de communication.

La réunion démarre tout de suite. Madame Chal a déjà examiné le dossier et trouve l’idée originale. Céline commence à énumérer les raisons pour lesquelles la Mairie de Paris devrait devenir le partenaire institutionnel du JSP, en mettant l’accent sur les trois principaux : environnement, écoute et citoyenneté : « Aujourd’hui, la plupart des citoyens jugent que la pollution publicitaire a atteint son comble, notamment celle de l’affichage de nos villes. La Mairie de Paris s’est engagée à porter une attention particulière à l’environnement quotidien des Parisiens qu’il soit naturel, social, professionnel ou commercial. Une Mairie qui prône « le mieux vivre » et qui se bat pour l’environnement citadin ne peut que comprendre, soutenir et aller dans le bon sens…« 

J’essaie de percevoir dans le regard de Madame Chal une petite étincelle d’intérêt, ou un signe d’ennui ou même d’indifférence. Mais elle ne laisse rien transparaître.

Céline expose le deuxième argument : Un véritable combat antipub s’est développé au cœur même de la ville. Affiches taguées dans le métro parisien, pétitions, débats, journée sans achat…
La Mairie de Paris qui est à l’écoute permanent du citoyen et répond concrètement à ses attentes, ne peut pas ignorer les nouveaux besoins de ses administrés…

Caroline Chal écoute sans ciller. À un moment donné, je crois surprendre un sourire moqueur. Mais non, c’est juste un rayon de soleil qui balaye son visage.

Céline enchaîne avec l’argument suivant :
« À l’occasion du JSP, Annonceurs, Régies médias et Agences de pub prendront des engagements citoyens qui s’inscrivent dans la logique de développement durable, prôné par la ville. En s’associant et en appuyant le Jour Sans Pub, La ville de Paris réaffirmera son attitude éthique et sa citoyenneté…« 

L’enjeu est trop grand et je meurs d’envie d’avoir les premières réactions pour savoir sur quel pied danser. Mais apparemment, je suis la seule à être impatiente. Céline, détendue et stoïque, continue à expliquer le dossier tandis que Mme Chal écoute attentivement. Elle la laisse finir, puis nous demande ce que nous souhaiterions que la Mairie de Paris fasse dans le concret.

Nous aimerions qu’elle mette à disposition du JSP, pendant 24 heures leurs panneaux d’affichage couvrant la Capitale. Qu’elle nous réserve le Parvis de l’Hôtel de Ville ou un autre endroit « magique » de Paris où pouvoir aménager une exposition « artistique » ouverte à tous les citoyens. Et, pour finir en beauté, qu’elle organise une réception de clôture à l’Hôtel de Ville, en présence de Monsieur le Maire à laquelle seraient conviés consommateurs, annonceurs, médias et publicitaires.

Son regard reste impénétrable. Je passe donc à la création.
Et là, le miracle ! Caroline Chal aime la communication et la création. Elle comprend, commente et apprécie. Je découvre qu’elle a une véritable sensibilité créative, le sens des idées et un jugement sûr. Après l’affichage et la presse, je lui fais écouter les communiqués radio. Son regard pailleté s’allume de mille étincelles.

C’est fini, nous avons fait le tour et nous attendons son verdict.
Caroline Chal prend la parole. Ses réponses sont à l’image de son service : carrées, efficaces et sans paillettes.

Elle nous dit que La Mairie peut éventuellement s’associer à notre projet dans la mesure où il ne revêt pas l’apparence d’une croisade « anti pub », préjudiciable à un secteur générateur d’emploi à Paris. La Mairie aurait mauvaise grâce à s’opposer aux agences qu’elle fait travailler et aux réseaux publicitaires qu’elle utilise. En ce qui concerne les panneaux, c’est délicat. Les panneaux de la Mairie sont réservés à l’information, pas à la publicité. Comment vont réagir les citoyens ?

Je précise que cet événement c’est aussi une information qui concerne de près tous les Parisiens. A ce moment là, je l’avoue, j’imagine une phrase polie de congé, mais elle esquisse un sourire et la suite de son discours me laisse bouche bée.

Elle nous précise que, si c’est un temps de « respiration » commune aux annonceurs, aux agences et aux réseaux, notre projet demeure intéressant. Dans ce cas, elle envisage la possibilité de mettre à disposition du JSP son réseau d’affichage à condition que JC Decaux, qui est en charge de l’affichage publicitaire de la ville, puisse résoudre les problèmes de logistique. Nous devons aussi lui communiquer les noms de nos interlocuteurs pour chaque média, dès que nous aurons des réponses fermes. Nous pouvons lui proposer plusieurs endroits dans Paris pour qu’elle puisse contrôler leur disponibilité. En revanche, en ce qui concerne la réception, c’est plus délicat parce que ce type de cérémonie met en cause l’argent des citoyens… En effet, je n’y avais pas pensé.

Avant de nous quitter, Caroline Chall nous demande de lui faire parvenir la création print en PDF et les maquettes radio. Nous partons sur un petit nuage. Céline esquisse son petit sourire de Joconde pendant que j’étouffe à peine un cris de joie. J’y crois pas !!! C’est génial !
« ‘Allons enfants de la Mairie, le jour sans pub est arrivé… »»

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8 réflexions au sujet de “Une perle à la Mairie de Paris”

  1. "L’action participative, une utopie." On l’a dit pour Ségolène, et aussi pour le JSP. Les faits nous demontrent que l’utopie peut vite devenir réalité. Je ne suis pas un Ségoliste, mais je dois admettre que l’écoute et l’ouverture du dialogue a rassemblé les foules en devenant un bon remède à l’absence d’écoute et à l’isolement propre à notre siècle. Ainsi comme l’ouverture du dialogue et l’implication du consommateur-citoyen dans la pub est un argument mobilisateur en plein dans les tendences de notre société. Cela n’a pas échappé à la Mairie de Paris qui a vite compris son intérêt : contenter les consommateurs, changer les méchants annonceurs en gentils, relancer la consommation et fermer la bouche aux anti-pubs.

  2. Monsieur le Maire,

    Auriez-vous l’amabilité, de bien vouloir me faire parvenir quelques
    auto-collants STOP-PUB, car ma boite aux lettres est remplie de Pub non
    désirée.

    Je vous remercie d’avance, Monsieur le Maire,et vous communique mon adresse.

    Eliane GRADVOHL

    28 rue Claude Lorrain

    75016 PARIS

  3. Les conditions de travail de plus en plus déplorables à la Mairie de Paris, des vérités qui dérangent certains hauts fonctionnaires. Voilà ce qui se passe réellement dans certains services de la Ville de Paris, des Agents qui signalent depuis plusieurs années par des rapports, des plaintes déposées à la Police, le Prosélytisme qu’ils subissent sur le lieux et temps de travail, le harcèlement, la discrimination, les suicides, les dépressions. La Mairie de Paris alerté à plusieurs reprises reste sourde et aveugle, des agents ont été menacée dans leurs vies familiales et professionnelles, certains sont en dépression depuis plus d’un an, d’autres en très grande détresse. Qu’a fait la Maire de Paris depuis ? Pourtant saisi du dossier, Qu’a fait le service de la Médiation de la Ville de Paris ? Pourtant saisi du dossier, Qu’a fait la Direction des Ressources Humaines ? Pourtant saisi du dossier Qu’a fait cette cellule Discrimination Harcèlement ? Pourtant elle aussi saisi du dossier Qu’a fait le service médical de ville, Là aussi saisi du dossier. Rien, rien n’a été fait depuis 2001 à part des enquêtes à charge contre ceux qui dénoncent et ce malgré la loi de protection du fonctionnaire. Une enquête à charge a même été instruite par une Direction complice contre les victimes de (prosélytisme sur le lieu et temps de travail). Des faux témoignages dans les dossiers administratifs des victimes, lettres anonymes, tracts diffamatoires. Certaines victimes vont être jugés par un conseil de discipline plus que douteux où siègent des membres d’un syndicat maison qui est parti prenantes dans cette affaire. Certains agents auditionnés par cette direction ont remis en cause les témoignages apportés par les victimes au moyen de tracts diffamatoires. ((Traitant les agents, de Gestapo et de Kommandantur)) Un syndicat parisien a donc demandé l’annulation de ce conseil, pour plusieurs motifs : ( le conseil de Discipline ne peut être juge et parti, les dossiers des victimes ont été parsemés de signes distinctifs << étoiles en lignes et en triangles>>) La Mairie de Paris reste silencieuse.
    Concernant cette affaire de prosélytisme des fonctionnaires sont détruits dans leur travail et dans leur vie familiale, alors qu’une élue politique de cette administration mais en garde les Parisiennes et les Parisiens de la dangerosité de certains de ces mouvements. Merci de bien vouloir nous communiquer vos remarques à ce sujet.

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