Trafic, pour quoi faire ? Sophie Cardurer.

Entretien avec Sophie Cardurer, trafic à la chose.

Sophie, avant de devenir trafic, tu as été prod, prod TV, post prod, chargée de com, chargée des relations presse. Peut-on dire qu’on devient trafic par hasard ou après avoir passé toutes les épreuves du feu ?

Si98 a marqué beaucoup les esprits de certains français, pour moi c’est l’année où je suis  »montée » à Paris pour réaliser un stage en Agence. Jean Pierre Audour m’a prise en stage pendant de longs mois où j’ai appris la prod Print. D’agence en agence (CLM, BETC, …), j’ai exercé le métier de production print jusqu’au jour où je suis devenue Post-Prod dans l’équipe TV de Fabrice Brovelli, chez BETC. Les plannings, l’orchestration de projet faisaient déjà à l’époque mon quotidien. Puis en 2010,  je suis devenue maman d’un petit gars et au même moment trafic créa chez Duke. J’ignorais à ce moment là, que ces 2 missions avaient des similitudes ! 

Tu fais donc partie du trafic « maman-poule », une race qu’on croyait éteinte, pour le grand bonheur de tes créatifs.
OUI, mais pas seulement. J’épaule, j’organise, je fouette et je caresse le service créa comme les autres services de l’agence.

En octobre 2014, Pascal Grégoire, coprésident et Directeur de la Création de la chose t’a demandé de créer le poste de trafic. A la chose règne un esprit humain, très famille tout en bossant hard. As-tu créé un trafic adapté à la boîte ?
Pascal m’a fait confiance et j’y ai vu une réelle opportunité de créer ce poste à ma manière, au reflet de ma personnalité. Aujourd’hui, je partage le bureau des nouveaux ECD : Jérome Gonfond. & Hadi Hassan-Helou. On travaille ensemble, main dans la main, ils me font confiance et vice-versa. Effectivement, la chose est une agence très humaine, agile, réactive, indépendante : il a donc fallu créer un trafic à son image.

Tu m’as dit qu’on te nomme « le maitre du temps ». Magie blanche ou magie noire ? Force obscure au détour d’un des couloirs du temps ?
Ha ha ha ! Non, mais on peut dire que je tiens « les rênes du temps » et aussi de la rentabilité du service. Je suis  une chef d’orchestre qui donne le ton, la cadence, le rythme, et j’entretiens le moral des troupes grâce au chocolat de Jerôme (Private joke) !Le trafic est toujours un métronomes ou y a-t-il plusieurs types de trafic ?
Je pense qu’on a tous les mêmes bases mais chacun doit avoir une méthode pour gérer au mieux son service. Le trafic, c’est l’un des métiers central d’une agence, là où toutes les infos transitent pour coordonner au mieux l’ensemble des projets.

Etant donné qu’il n y a pas d’école, quelle est la principale qualité qu’on demande à un aspirant trafic ?
Le sens de l’organisation, évidemment !

Quels sont tes outils de travail ? : – Ma tête qui est mon meilleur post-it.
Plus sérieusement : – Un couteau suisse. – Un Mac (chacun comprendra ce qu’il veut:) – Un téléphone où se mélangent freelances, la chose, concurrents, familles et potes. – LES agendas de tous (imaginez le nombre de post-it dans ma tête). – Et bien sûr, un élastique pour tenir ma chevelure de lionne.

A un moment donné, il y  a eu une rumeur selon laquelle le trafic allait être remplacé par un logiciel de booking et de rentabilité. Aucune machine au monde ne pourra jamais remplacer l’humain. Mais le métier est en train évoluer. Comment vas-tu évoluer avec ?
JE SUIS UNE MACHINE !!! Je crée en permanence des algorithmes pour mes créatifs afin qu’ils puissent jongler avec nos briefs. Ce sera vrai quand la machine pourra se reprogrammer toute seule, car dans ce métier il faut se remettre en question en permanence !

Qu’aimes-tu le plus dans ce métier ?
L’échange, le partage, la créativité et l’humilité !

Si demain, tu devais changer de métier, que ferai-tu ?
Après presque 10 ans de trafic, je pense que je peux soit devenir psy (ahahha), FCPE de collège ou concierge de luxe.  En vrai, tout dépend comment je le quitte…

Y a-t-il des choses que tu regrettes ?
– De voir certains créas partir et en même temps je suis hyper fière d’eux quand ils partent pour créer.
– Le manque de temps parfois pour aller dans les écoles.
– Et plus légèrement de ne pas avoir la garde robe de Barka !!!

Les questions des freelances

Organisation, souplesse, bonne humeur, justesse, écoute, il faut beaucoup de qualités pour être trafic. Mais est-ce qu’un trafic qui vient de la prod et pas de la créa, s’occupe aussi du choix des freelances ?
Alors selon le brief, je fais une 1ère sélection : je rassemble les book, et ensuite les DC prennent la décision finale. Il arrive qu’ils aient déjà en tête des noms, et dans ces cas là, c’est encore plus simple.

Beau, grand, mince, la trentaine, sportif, attentif et intelligent, je blague… plus sérieusement ? Y a-t-il un profil du freelance rêvé pour une agence ?
Je pense que le freelance rêvé est : sympa, expert, créatif, « pas cher », et insomniaque… Si en plus il est beau gosse, alors là…  En vrai, il n y en a pas vraiment de freelance idéal. Chacun est expert dans sa spécialité, et c’est pour cela que je le/les choisis.

Dans la pub, le plus souvent, on se tire dans les pattes. Virginie Vangansbeke, trafic manager chez Publicis 133, a créé un groupe fermé, où les trafics peuvent s’entre-aider, appeler au secours en cas de feu et échanger les coordonnées de leurs super freelances. Prenez-vous vraiment le risque de perdre un bon free ou vous ne vous filez que les adresses pourries ?
C’est une page d’entraide. Donc on est là pour s’aider, et moi, je donne sans problèmes mes bons free, au risque de les appeler et qu’ils soient pris ! Et d’ailleurs en aidant certains free, ils sont souvent reconnaissants de les avoir présentés à d’autres agences. C’est bien pour eux de travailler et de ne pas attendre que le téléphone sonne. Non?

En dehors de ce groupe secret, à qui fais-tu recours quand tous tes free sont en mission et tu es dans l’urgence ? Agent, site, copines, réseaux sociaux ?
En interne d’abord, puis à mon réseau. Et en fonction du brief, je demande à des agents évidemment.

Et pourquoi la recherche d’un freelance se fait le plus souvent dans l’urgence ?
Je ne peux pas anticiper un créa malade (rires) !

Certains agents de free disent que cadeaux et déjeuners sont le meilleur investissement pour avoir du boulot et fidéliser l’agence. Cette méthode a bien marché dans tous les services des agences pendant les années d’or de la pub. A l’époque des vaches maigres et du professionnalisme, existe-t-il encore ce type de « prospection » ?
Je répondrais à ta question que si tu m’invites au #Crillon.

A toi le mot de la fin
Si vous êtes encore en train de me lire… retournez bosser immédiatement !

MINIBIO

crédit : Mat Beaudet

1998 : stage chez Hémisphère Droit 

1999-2005: productrice print/trafic chez Colorado-CLM-BETC

2005-2007: post prod TV BETC

2007-2010: post prod TV/responsable de com Lowe Strateus. 
Puis enchaîne free post prod

2010-2012: responsable trafic Duke Razorfish

2012-2013: responsable trafic JWT

2014: trafic chez Publicis Conseil

oct 2014: elle crée le poste de trafic à la Chose et y vit toujours!!!
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