Accusé Thierry Wellhoff, levez-vous !

Il est 18h30, le lundi 12 septembre. A l’entrée du 12, rue de Presbourg, avec la convocation de Thierry Wellhoff, PDG de l’agence Wellcom, au tribunal, je me présente au Vigile (plan vigipipo oblige).

J’entre. Dans le hall, une avocate en robe relève mon identité et je suis introduit dans le prétoire. Parmi le public et les jurés on peut distinguer quelques ténors du barreau qui, verre en main, semblent déjà arroser la relaxe. Voilà qui sent le procès truqué. Mais nous avançons pas trop.

Vers 19h, entre la cour. L’avocat général drapé de rouge lit les chefs d’accusation : la communication est accusée d’être superficielle, manipulatrice, pollueuse (et j’en passe).

procureurEn la personne d’une avenante créature qu’on acquitterait sans autre forme de procès, la communication veut faire une déclaration : si elle est citée aujourd’hui devant le tribunal de l’opinion c’est qu’on la connaît mal, c’est qu’elle est victimes de préjugés… (c’est ça ma chérie, ne te laisse pas faire !)

accuseeBon, ne perdons pas de temps en instruction inutile (que vous trouverez aisément dans le procès de la Communication avec un tas de noms allant de Shannon à Palo Alto, Debord, Nietzsche, en passant par Habermas, Cyrulnik, Serres, jusqu’à Aristote et Wolton). Passons directement au réquisitoire. Reprenant Sieyes, et sa célèbre formule sur le Tiers Etat, le procureur pose la question : « Qu’est-ce que la Com ? Rien. Que peut-elle ? Tout ! ». Nous avons affaire à une dangereuse séductrice qui jouit d’une liberté sans égale. Instrument de la publicité, elle est au mieux inutile et brasseuse d’air si le produit est bon. Au pire, malhonnête. Dans tous les cas communication rime avec manipulation et pollution.

La défense signale judicieusement que communication rime aussi avec négociation (ou information ou un truc en « ion » très mignon mais avec le vin blanc je ne sais plus très bien). Elle n’appellera pas en renfort les témoins à décharge déjà cités dans le livre (Stéphane Richard, le PDG d’Orange, Franz-Olivier Giesbert, l’avocat pénaliste Hervé Témime, la philosophe et psychanalyste Elsa Godart, le skipper Michel Desjoyeaux, ou Gaspard Gantzer, le chef du pôle communication à la présidence de la République, qui est bien placé pour savoir que la plus belle fille du monde ne peut offrir que ce qu’elle a). La défense rappelle également que la communication n’est qu’un instrument, et que, comme tel elle est capable du pire comme du meilleur selon qu’elle servira Goebbels ou l’abbé Pierre.

On applaudit la mise en scène de Thierry Wellhoff qui mérite les félicitations du jury.

wellhoffPour conclure, le président de l’agence Wellcom remercie chaleureusement les jurés d’être venus si nombreux et nous invite à voter l’acquittement sur son site dédié (53% à ce jour, ouf !) avant de nous convoquer au bar. On est évidemment soulagé de constater que l’accès n’en est pas empêché par des anti-pub et autres déboulonneurs qui auraient forcé l’entrée. Eux, ne seront convoqués que le 11 octobre 2016 à 13h30 devant la 10e chambre du Tribunal pour le barbouillage de 8 panneaux publicitaires numériques. Mais là, il n’y aura probablement pas de champagne pour les accueillir.

Le procès de la communication, 
de Thierry Wellhoff,
aux Belles Lettres / Manitoba
Livre broché - 21,00 € 

 

Share Button

Laisser un commentaire