WWF et le deuxième degré de la climatologie

Sauve qui peut la Terre ! 7 milliards d’hommes à la mer ! La planète, c’est le Titanic !

Pour provoquer un tel naufrage, plus besoin d’icebergs, ils fondent tous, il aura suffi de deux petits degrés de réchauffement. Et qui va se trouver sur la crète de ce tsunami annoncé ? La Cop 21 (Conférence des parties des Nations Unies sur le climat, 21e du nom). Elle se tiendra à Paris – France – (Yes !)  du 30 novembre au 11 décembre.

Le Faubourg Saint Honoré sera bloqué, Hermès dévalisé, tandis qu’on voudra nous sauver d’un futur digne de l’Atlantide. Surfant sur la vague mortelle, c’est Publicis Nurun qui a recueilli l’écume de l’émotion, pour WWF, l’organisation de protection de l’environnement pionnière, particulièrement dédiée aux espèces animales.

En print, au moyen d’un traité graphique sournoisement charmant, les créatifs, Stéphane Blin et Matthieu Droulez, sous la houlette du DC, Elie Trotignon, ont imaginé des images glaçantes.

GIRAFE - campagne WWF/pubicis Nurum- Le jour sans pub L’eau qui monte a la couleur du sang, que ce soit dans les rizières ou dans les villes, menaçant le règne animal et humain sur le point de se noyer. Le thermomètre qui dépasse les 2 degrés fatidiques étrangle une girafe, un éléphant ou un ours polaire, on souffre. On a peur.

ELEPHANT- WWF- e jour sans pubOurs print-GIRAFE - campagne WWF/pubicis Nurum- Le jour sans pub

Et pour le film, la réalisation douce et violente à la fois, de Leyla Kaddoura, soulignée par « Moon River », une musique d’Henry Mancini, s’immisce dans nos âmes inconscientes et destructrices, grandes consommatrices de CO2.

L’idée, selon Stéphane Blin, DA, était de partir sur une « fausse piste » : d’abord célébrer la nature et peu à peu montrer les ravages du réchauffement. Une campagne au 2e degré en quelque sorte.

Bravo. Joli. Très bien. Parfait. Mais petit rappel des faits : c’est en 1827 que Jean-Baptiste Fournier, mathématicien, démontre l’existence de l’effet de serre. En 1967, on apprend qu’il faut s’attendre à un réchauffement planétaire. En 1979, a lieu la première conférence sur le climat à Genève… Et depuis, à Vienne, Tokyo, Copenhague, Rio, de conférences en conventions, tous les politiques de droite comme de gauche, les spécialistes de la spécialité et les professionnels de la profession, se mettent autour d’une table, mobilisent trains, avions et bateaux, aveuglent la planète de leurs vaines promesses, négocient des taux de pollution comme on joue au Monopoly, se poussent du col sur les plateaux de télévision. Tandis que les orangs-outangs crèvent pour que plus d’huile de palme adoucisse nos corps de pulpeuses déesses, que fond la banquise, que « le désert avance… »

Alors, en dépit du charme de la campagne WWF, de son efficacité, de l’encouragement à la mobilisation des foules, il faut regarder la terrible réalité en face. Le consommateur, l’écolo engagé, l’amoureux des manchots de l’Antarctique, toutes ces bonnes volontés ne peuvent rien. Et la pub non plus. Rien sans le vouloir des politiques qui vont « jaboter » à qui mieux mieux dans notre belle capitale. « Ton diesel contre mes usines », « Tu achètes la rue de la Paix et je t’évite la prison ». « On efface la case départ de 1827 et de Fournier, le théoricien de la chaleur, et tu m’achètes mes Mistral. » Presque deux cents ans qu’on sait et c’est maintenant que WWF crie dans le désert pour deux degrés de trop ? Les créatifs de Publicis Nurun, ont-ils donné un titre à leur film ? Suggestions : Deux degrés de plus le matin de l’Apocalypse ou Irréversible. Où est passée la 7e compagnies des climato-sceptiques ? Où va le monde ? 😉 Faites le tri. Bien évidemment, l’équipe de l’agence a répondu à un brief. Et l’a fait avec talent. C’est ça le métier de la publicité : créer même si on est contre ou pas trop d’accord. Parce qu’on veut toucher, informer, piquer au vif. Sinon, on fait autre chose. Donc, on se prend à espérer que le message de WWF appuie là où ça devrait faire mal à ceux tiennent notre destin dans leurs mains sales.

PS : Sous Louis XIV, la France connut une terrible famine. Elle était due à une petite glaciation survenue entre 1645 et 1715.. On rendit responsable le souverain, ses guerres, Versailles, son train de vie somptuaire… Pas faux. Pourtant, c’est à cette époque qu’une faible activité solaire et des éruptions volcaniques privèrent les terres de chaleur (un degré de moins. Idem en 1783, ce fut l’éruption du Laki, volcan islandais. On accusa Marie-Antoinette et elle fut conduite à l’échafaud. En ce temps-là, la météo était mal connue. Nos gouvernants prêteront-ils enfin une oreille aux voix des sirènes submergées ?

QUI A FAIT QUOI
Annonceur : WWF ( World Wild Fund) ; Jacques-Olivier Barthes et Frédérique Chegaray
Agence : Publicis Nurun Directeur de création : Elie Trotignon
Créatifs : Stéphane Blin DA, Mathieu Droulez, CR
Relation presse : Héloïse Mathon
Réalisation : Leyla Kadourra
Production : Prodigious
Musique : Moon River, de Henry Mancini et John Herdon Mercer
Médias : TV, Web, presse quotidienne et hebdo, affichage, depuis le 26 octobre
Réseaux sociaux : Facebook, Instagram et Twitter #2ctrop
Appel aux dons : http://2ctrop.wwF.fr
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