Stéphane Martin, l’homme qui ne dit jamais de gros mots.

Je retrouve Stéphane Martin, directeur général de l‘ARPP, dans le patio du bar de l’hôtel Prince de Galles, un endroit magnifique et classe sur l’avenue Georges V.
Aujourd’hui je rentre dans sa tête pour découvrir l’homme derrière le personnage public. Je prends aussi une photo-portrait avec mon IPhone pour saisir la vérité d’un regard, d’un instant.

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S’il était une pub, il serait « la perfection au masculin ». Allez, cherchez le petit défaut ou la petite bête noire, vous n’en trouverez pas. Bien élevé, élegant, poli, discret, bien dans sa peau et dans son métier, Stéphane Martin fait le « gendarme » de la pub (oh, le vilain ce mot !) avec classe et créativité. Tombé dans les radios libres alors qu’il n’était qu’un gamin, il a grandi vite en côtoyant les grandes stars des années ‘80 et en observant leurs longues nuits alcoolisées. En 14 ans, il est passé d’animateur à programmateur, puis à la régie publicitaire, des expériences variées qui ont ouvert son champs visuel. Très tôt, il  s’est imprègne de l’artistique sans freins ni limites et il a pris une distance avec les « paillettes ». C’est pour cela qu’il est bien placé pour en mettre. Son rôle à l’ARPP est de faire respecter certaines lois avant que ce soient les autres à le faire. Et oui, mes amis les créatifs, on ne fait pas ce qu’on veut. Alors, tant qu’à faire, mieux vaut que l’arbitre soit quelqu’un qui pense à vous le matin en se rasant plutôt que quelqu’un qui se rase en pensant… à la présidentielle.

Tout petit, je voulais être… chirurgien, mais cela n’a pas duré (sourire)… de trop longues études !

Jeune ado, je rêvais d’être… à la radio ! Ce que j’ai pu réaliser à 14 ans grâce aux radios libres, les start-up de ma génération. Le monde de la communication a dès lors été la voie qui m’a semblé tout simplement évidente.

Entre le gendarme et le voleur, j’ai toujours préféré… forcément, le gendarme, bien que mon père était policier ! Prédestiné peut-être (rires).

Dans une équipe de foot, je serai… arbitre ! Pour être parmi toutes les parties prenantes, discuter, trouver l’issue à partir des règles et des bonnes pratiques du « vivre ensemble », qui satisfasse chacun du mieux possible.

Je suis rentré à l’ARPP parce que… des Administrateurs, que je côtoyais au titre de la publicité télévisée (SNPTV), ont bien voulu d’abord y penser, puis de me nommer sur un projet d’entreprise que je déroule depuis bientôt 4 ans.

J’en sortirai parce que… d’un commun accord, les Administrateurs de l’ARPP et moi, jugerons qu’un nouveau challenge professionnel est à relever ici ou ailleurs.

Dans mon métier, ce que je préfère c’est… la multiplicité des points de vue à concilier, en s’inscrivant dans un héritage que l’on peut qualifier de séculaire, avant même les « Mad men ». Dès 1911 aux Etats-Unis, nos grands aînés dans la profession avaient édicté des principes toujours d’actualité pour la publicité, dont le premier est la véracité.

Dans mon métier, ce que je déteste c’est… « mordre la main qui vous nourrit ». Est-il nécessaire de développer davantage ?!

Pour moi la discipline c’est… la constance : professionnelle, de caractère, en amitiés…

Mon gros mot préféré c’est… Je ne pense pas en fait en dire, je le crains ! (mais je peux ne pas m’en rendre compte, twittez-moi le contraire @smartinarpp !).

J’ai toujours eu une devise… « L’important c’est de durer », ce que m’avait dit ma première DRH, Greta Douziech, alors jeune marketeur chez Avenir.

Les publicitaires m’aiment parce que…ils savent, ou du moins pressentent, que j’ai une sincère admiration pour ce qu’ils font.

Les publicitaires me détestent parce que… je n’ai pas su expliquer à certains comment bien utiliser le service et les compétences des équipes de l’ARPP. J’espère que ce verbe est excessif ; certes, nous sommes dans un métier de passion, d’égo, mais cela doit rester « professionnel ».

Je pense qu’une œuvre d’art sans un cadre… c’est justement le principe de l’art : rompre les codes établis. C’est donc pour cela que la publicité n’est pas de l’art, tout en utilisant toute la palette de la création artistique.

Mon plus grand défaut est… de ne pas voir mes défauts C’est dommage, parce que je ne peux pas les corriger !

La radio qui a bouleversé ma vie… c’est forcément celle de mes débuts professionnels : RVS à Rouen !

Pour me détendre, je… voyage ! Pas forcément très loin, Paris reste une ville magnifique plein de recoins à (re)découvrir, tout comme les Régions !

Mon pire cauchemar c’est… de vivre sur une île déserte, même paradisiaque !

Je suis sur Facebook parce que… je suis résolument « social », appréciant et partageant des tranches de vie, forcément « marketées » par chacun de nous ! C’est aussi un lien entretenu avec une communauté, surtout familiale et amicale, partout dans le monde. Et enfin, on peut y rencontrer l’amour !

Mon plus grand moment de solitude a été quand… j’étais à la régie technique de grands spectacles que RVS organisait au début des années 80 avec les stars de l’époque : Gainsbourg, Goldman, Lavilliers, etc. Les chanteurs interprétaient live leurs titres, mais sur ce que l’on appelle le play-back orchestre. J’avais lancé la bande trop tôt, et un artiste m’avait demandé de l’arrêter, il n’était pas tout à fait prêt : regards de toute la salle, tournés vers la régie finale, en plein milieu de la salle.

Si je devais donner un seul conseil aux créatifs…`dépassez-vous ! Il est toujours plus facile d’arrondir un angle, de réduire une ambition, pour des raisons déontologiques ou juridiques, d’autant plus si on part de haut, pour conserver intacte l’essence de la création originelle.

Mon plus grand regret est de… ne pas avoir assez de temps pour faire encore plus !

Mon plus grand remord est de … Je ne veux pas en avoir, je les mets de côté. Et je réécoute Robbie Williams “No regrets they don’t work. No regrets they only hurt » !

Si je devais raconter une anecdote de ma carrière… à l’issue de ces mêmes grands concerts de la radio RVS, dîners et soirées s’enchaînaient jusque très très tard (pour mémoire, j’étais mineur à l’époque), j’ai alors approché le show biz au plus près, celui d’avant même le lancement du CD (en 1984) ! Ces moments avec d’immenses artistes très accessibles, comme Gainsbourg, resteront dans leur XXème siècle !

J’ai décidé de répondre à cette interview parce que… vous avez bien voulu penser que le messager de la régulation professionnelle de la publicité pourrait intéresser votre large public, qui se trouve rejoindre le nôtre, mais par un autre bout de la chaîne créative. Je vous en remercie.

MINIBIO : Diplômé de l’Ecole supérieure de publicité (Sup de Pub) et après des études de sciences économiques, Stéphane MARTIN commence sa carrière comme animateur
et directeur des programmes de la radio RVS entre 1981 et 1984 avant de devenir animateur à Radio Porte Océane (Le Havre) en 1985. En 1989, il est nommé responsable des
 études de l’Institut Pretesting Europe, responsable qualité puis directeur marketing d’Avenir Europe (en 1997). De novembre 1998 à juin 2010, M. Martin a été directeur 
délégué du SNPTV. Depuis juillet 2010, il a été désigné Directeur général de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Il est à ce titre Administrateur 
de l’Alliance européenne pour l’éthique en publicité (EASA) et membre de la Commission Marketing et Publicité de la Chambre de commerce internationale (ICC) ainsi que 
trésorier du Fonds d’assurance formation des secteurs de la culture, de la communication et des loisirs (AFDAS), du Centre médical de la publicité et de la communication 
(CMPC) et délégué de la section Communication, collèges des Adhérents, de l’institution de prévoyance AUDIENS. Il vice-préside aussi, auprès de M. Gérard Worms, 
le Comité de pilotage du Centre Multiservices Partagés Audiovisuels et Numériques FabFor, mission de préfiguration confiée au Club Galilée par les Ministères des Finances 
et du Redressement productif.
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