Georges Mohammed-Chérif, un coup de pied dans le cul de la pub.

Dans la tête de Georges Mohammed-Chérif, Fondateur, CEO et Directeur de la Création de l’agence Buzzman.

Ça se passe dans un café parisien. Georges a choisi le LAFFITTE, un petit bistrot convivial tout près de son agence.buzz

Georges Mohammed-Chérif. Étrange personnage. Il vous mitraille de mots et vous toise et vous fusille du regard, mais il éclate de rire comme un enfant dès qu’il se sent en confiance. Georges est l’homme de toutes les contradictions. Dur au cœur tendre, méfiant et sans langue de bois, instinctif et pragmatique, créatif et commercial.
Il n’est jamais là où on l’attend. Étrange mélange de deux hémisphères qu’au lieu de s’entrechoquer marchent bien ensemble.

Il aurait pu devenir un champion de foot, il est rentré dans la pub.

Pas étonnant, il aime jouer et aller droit au but. Et gagner. Une revanche à prendre ? Difficile à dire. Georges dit ne pas être dans la provocation. «Les gens qui sont dans la provoc’ ont toujours une faiblesse», dit-il en souriant.

Il ne doute de rien. Enfin, presque. Il a fait le tour des bonnes boîtes avant d’ouvrir la sienne sur un créneau inattendu. Car en 2006, il fallait être intrépide, fou ou visionnaire pour se lancer dans le «buzz». Il a baptisé sa boite du nom d’un super héros du troisième millénaire, Buzzman.

Pourtant il dit qu’il ne se prend pas pour un surhomme. Il méprise la peur et la lâcheté et il aime prendre des risques. Et il a bien raison. Son agence cartonne et cumule les succès. Il dit «Tu sais manier l’art de la publicité quand tu as fait plein de campagnes qui ont eu du succès dans ta vie ». Difficile d’oublier hunter shoots a bear et birthday party pour Tipp-Ex, ou SOS Condoms pour Durex, les films Axa ou le dernier carré pour Milka …

Divertissantes et populaires, mais toujours avec l’idée qui tue, chacune de ses campagnes innove, surprend et marque les esprits. En secouant le plat pays de la pub. Eh oui ! Faute de ne pas donner un gros coup de pied dans un ballon, Georges l’a donné dans les fesses de la pub.

Quand j’étais petit, je voulais être… footballeur

Mon père, (ma mère) aurait aimé que je sois… heureux

Ado, je me prenais pour… Pelé 

Et maintenant, je me prends pour… personne, j’essaie d’être moi

Je suis rentré dans la pub parce que… j’aime bien raconter des histoires

J’en sortirai quand… je ne saurai plus les raconter

Le trait de caractère qui plait à mes amis… la générosité

Celui qui énerve mes ennemis, c’est… mon talent  (rires)

Celui qui énerve ma copine c’est… mon exigence

J’ai toujours eu une devise… prendre du plaisir

J’ai une phobie… j’en ai eu plusieurs, mais aucune ne m’a suivi

Dans un match Paris ST Germain, Toulouse et l’OM je supporte… l’OM

La chanson nulle qu’il m’arrive de chantonner souvent, c’est… « Besoin de toi, envie de rien… »

Le film que j’ai vu et revu, c’est… les Affranchis.

Pour rien au monde je ne raterai… le jour de ma mort. (Rires) J’ai dit ça parce que ça me fait rire. Mais ce que je ne raterai pour rien au monde c’est de retrouver ma famille.

Dans ce métier, ce que je préfère c’est… l’inconnu.

Dans ce métier, ce que je déteste c’est…  le cliché et encore plus la peur. Je déteste la peur, c’est la peur qui régit ce métier et c’est à cause d’elle qu’on n’avance pas.

Je pense que, dans la pub, les prix et récompenses… la consécration et la reconnaissance.

Si je devais créer un Buzz sur Maurice Levy… je ferais appel à Buzzman.

Si j’avais été le chasseur de l’ours, j’aurais écrit… A hunter « made a great campaign with » a bear.

Et pour éviter le drame de la météorite, j’aurais tapé… 2014.

Si je devais donner 1 seul tuyau aux jeunes qui veulent rentrer dans la pub… je leur conseillerai d’écouter leur cœur.

Si je devais donner 1 seul tuyau aux jeunes qui veulent rentrer dans mon agence… d’être talentueux. Je  n’ai pas de critères pour faire mon choix. Je ne sais pas d’avance ce qui me plaira.

Si je devais recommencer à zéro… je serai chirurgien pour essayer de sauver les gens.

Si je devais raconter l’anecdote le plus drôle de ma carrière : Ce n’est pas arrivé à moi, mais c’est tellement drôle et symptomatique de notre monde complètement à part : C’est une meuf qui va un dimanche à son agence chercher son book en taxi et une fois arrivée, elle dit au chauffeur: « Attendez-moi, je monte récupérer mon book et je reviens pour le ramener chez moi ». Le chauffeur lui répond : « C’est hors de question, mademoiselle, que je laisse rentrer un animal dans mon taxi ». Ca me fait marrer parce qu’on est tellement dans notre monde qu’on a l’impression que n’importe qui peut comprendre notre jargon hyper-pointu ou des mots comme « book, brandstorming, etc ». On vit un peu sur une autre planète et on ne s’en rend même pas compte.

MINIBIO :  After 12 years working as a creative in major Parisian agencies (BETC, CLM BBDO, Y&R, etc.), Georges MOHAMMED-CHERIF founded Buzzman in 2006, a 100% independent agency. He was then one of the only advertisers to believe in digital. By mixing the digital culture to a branding approach, an approach that he practised for a long time, he contributed in creating a new model of integrated agency. A new model combining  a high level of creativity (Buzzman added up a lot of distinctions in 7 years) and a deep consumer engagement knowledge (interactivity, conversation).  During his career, he went hand in hand with a lot of brands like Tipp-Ex, Durex, Renault, Peugeot, Volvo, Apple, RATP, Club Med, Axe, Orangina, Eurostar, MTV Mobile, Microsoft, Kraft, 1664, SFR, etc. Today, Georges MOHAMMED-CHERIF is considered as one of the most influent Creative Director in Europe.

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11 réflexions au sujet de “Georges Mohammed-Chérif, un coup de pied dans le cul de la pub.”

  1. Ce qui est remarquable avec GMC, c’est qu’il cartonne et que tout le monde l’aime et l’admire. Enfin, je crois. Si on l’envie, c’est parce que sa réussite est stimulante, mais on n’a pas envie de lui tirer des bourres, enfin j’espère. Je vois ça d’un peu loin maintenant, la pub, je ne connais plus les créatifs et encore moins les nouvelles agences qui tentent une incursions sur le marché. Buzzman, c’est autre chose, il s’est carrément positionné sur le digital là où d’autres ont voulu intégrer cette spécialité au sein d’agences all in one. On dirait que Georges n’a pas la grosse tête non plus. Bon, on se demande s’il existe vraiment. J’rigoole…Bonne idée d’avoir interviouvé l’initiateur d’une véritable success story.comme on les aime et qu’on voit si peu en France. Bravissimo.

  2. En sachant que tu t’en fous de te faire bien voir, que tu ne fais pas de cadeaux et que tu peux être une sacrée « langue de pub », je me demande, Babette, comment tu fais à percer ces DC jusqu’au fond de leur âme pour nous faire découvrir leur face cachée. Après tes interviews, tous ces super stars, froids et hautains deviennent sympas et humains, Peut-être que tu choisis que ceux qui gagnent à être connus. Dans cette interview, on découvre que derrière sa dégaine à la Joey Starr, il y a un créatif courageux, bouillonnant d’idées, drôle et sympa. J’aime beaucoup son courage et sa manière de ne pas suivre le troupeau qui a su faire un bras d’honneurs à tous les trouillanrds de la pub. Bravo, Georges ! Bravo, Babette !

  3. En effet, le portrait me surprend. On nous avait raconté l’histoire du gar issu d’un milieu défavorisé, avec une famille nombreuse qui aurait pu être champion et d’autres histoires larmoyantes. Ici on ne pleure plus, on applaudit !

  4. Je l’ai croisé il y a longtemps dans une agence. Il passait pour le « glandeur » et on était loin d’imaginer qu’il aurait pu faire une telle carrière. Maintenant qu’il est devenu Buzzman, on se dit qu’il était tout simplement comme ces surdoués qui s’ennuient en classe.

  5. Pardon, je n’ avais beaucoup de temps pour laisser un commentaire plus complet : je ne le connais pas perso, mais justement cet interview donne vraiment envie de rempiler. Pas prétentieux le gars, plein d’humour, sensible, tous les ingrédients d’un VRAI bon. Un ptit free pt’être pour moi? Just for the fun de bosser avec.
    Et l’histoire de la meuf et de son book, un truc à pisser rire.
    Un jour, j’en raconterai une un peu du même genre. Ha, la pub… ! Merci Babette !

  6. Dans ce métier que les gens aiment de moins en moins et dont les créations deviennent timides et ennuyeuses, il fallait du renouveau. Georges nous a apporté la preuve qu’on peut encore étonner et inventer. On le disait présomptueux et dédaigneux, on le découvre simple et agréable. Une belle découverte !

  7. Beh, moi je trouve que c’était un personnage génial qui a traduit des messages classiques en claques et de façon compréhensible par tous. Et tous bien adaptés à la cible. Ca fait plaisir de voir qu’en plus du talent il y a de l’humain.

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