La pub lave plus vert

Le vert c’est une couleur magique : elle fait vendre et donne bonne conscience.

L’après Grenelle de l’environnement a créé une nouvelle pratique de marketing : le greenwashing.
Pour ceux qui auraient raté le coche, le greenwashing, appelé aussi éco-blanchissement, occulte le manque d’effort et d’empressement
à adopter un comportement responsable de la part de certaines entreprises.
Son principe : surfer sur la vague environnementale et sur le développement durable en utilisant des vraies fausses promesses écolo.

Voici le loup déguisé en chaperon rouge.

Certaines pubs se la jouent écolo, en sortant des arguments verts pour vendre des produits polluants.
Le secteur automobile arrive en tête du peloton. Comme cette pub de 4×4, qui, laissez-moi rire, dit en accroche
« Conçu et développé au pays des accords de Kyoto ». J’espère bien que c’est du deuxième degré.
L’Outlander de Mitsubishi émet 180 g de C02 par km.
Mais, comme si ce n’était pas suffisant, la pub en rajoute une couche. Le mot « respect » remplace la plaque minéralogique.

Il faut un sacré culot pour parler de respect en prenant le consommateur pour une courge. Mais évidemment, il y des patrons qui n’ont pas changé de devise « Ne jamais prendre les gens pour des cons, mais ne jamais oublier qu’ils le sont ».

On peut faire aussi du greenwashing de manière bien plus subtile, par exemple, par détournement d’attention. Quand Total montre ses éoliennes, elle met en avant une partie infime écolo-compatible de son activité. Il se la joue ami de l’environnement pour faire oublier l’exploitation du pétrole et de ses dérivés, principaux responsables des émissions du CO2 et du réchauffement de la planète. Le pire c’est que ça marche !46767202pub-total-jpgOn peut aussi induire volontairement en erreur, en brouillant les pistes pour mieux arnaquer. Une visuel de forêt verdoyante sur un produit nocif, un élément graphique écolo qui induira en erreur, ou encore un logo-label malin qui fera assimiler une marque aux produits du commerce équitable. Comme celui de Jacques Vabre. Les premières questions qu’on se pose en voyant le spot sont « Jacques Vabre marche dans les plates bandes de Max Havelaar ? La marque s’est engagée à respecter le cahier des charges du commerce équitable ? S’approvisionne-t-elle auprès des petits producteurs ? »
Et non, vous n’êtes pas en train de faire un achat responsable. C’est encore l’effet magique du greenwashing.

Et que dire des marques qui ont un double discours ?

Comme Carrefour qui affirme dans son affiche « Arrêtons de consommer plus pour consommer mieux ». Une phrase qui aurait pu ravir les Créatifs culturels, si ce n’était pas signé par le grand distributeur. Ce discours pseudo décroissant dans la bouche de ceux qui ont pour seul but la croissance devient un affront à l’intelligence des gens.

D’ailleurs, pourquoi on n’appellerait pas le greenwashing, le brainwashing ? Parce qu’au fond, entre le faux verdissement des consciences et le vrai lavage du cerveau, le pas n’est pas vraiment très long.

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6 réflexions au sujet de “La pub lave plus vert”

  1. Bravo Babette, un billet marqué avec humour comme toujours au coin du bon sens. Si maintenant, il faut en plus faire attention à ce à quoi on faisait déjà très attention, c’est désolant. Enfin, moi qui ai fait beaucoup de lessive (de pub pour des marques de lessive), je lave presque tout désormais avec une boule lavante, ça marche super bien, c’est durable, et économiquement valable. Voilà, c’est pas de la pub, c’est du bouche à oreille.

  2. Le geenwashing existait de manière « soft » avant Grenelle, mais il a pris tout son essor après.
    Le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP) a changé de nom et il est devenu l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP).
    Le greenwashing n’est plus toléré dans la théorie, mais il continue dans la pratique.

  3. Merci Babette pour ce billet.

    Ce que j’en pense de l’écoblanchiment, c’est qu’il dénature les couleurs du développement durable, qui sont le respect de la terre, des êtres vivants, de leurs conditions de travail, de leurs cultures, etc.
    Le développement durable est une démarche holistique, insécable, qui protége et améliore l’environnement dans son ensemble et sur le long terme, c’est un engagement complet et pas une participation partielle moyennant un peu d’argent.

    Quand une marque de café se verdit en participant partiellement à un programme de protection des forêts, qu’elle mets cela en scène avec une grenouille sortant des orgasmes quand elle frôle un packaging en fibre, et qu’elle continue à pratiquer le commerce non équitable en s’approvisionnant auprès des multinationales et des grandes plantations (ce que nous montre pas la pub), ce n’est pas de l’éthique mais une simple étiquette pour gruger le consommateur et voler des parts de marché aux marques qui font de véritables efforts avec un engagement total.

    Ce qui est problématique c’est que le développement durable fonctionne conjointement avec la participation du consommateur qui désire acheter de manière responsable. Alors quand la pub nous manipule en faisant passer des vessies pour des lanternes, elle s’aborde le concept de développement durable au profit de ceux qui n’en font pas réellement, installant ainsi la confusion durable que tout ce vaut dans la bulle de la communication "éthique".

    Tout ceci est pathétique, c’est vraiment du lavage de cerveau comme tu dis.

    Fred

  4. Je suis bien d’accord avec Carole. "Le geenwashing existait de manière "soft" avant Grenelle, mais il a pris tout son essor après". En effet le Grenelle a été très utile à certaines Marques pour s’approprier de certaines phrases types et pour les détourner et s’en servir pour se donner une image verte.

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