Ave César !

Apprends la sagesse dans la sottise des autres. Proverbe japonais

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Cette semaine, j’ai fait un petit tour sur un forum, histoire d’ouvrir mon horizon et de changer d’éclairage. Eh bien, j’ai été servie. La lumière était noire. Noire comme dans un tunnel bouché. Mon principal interlocuteur m’a montré le côté sombre des gens et de la pub.

J’ai donc appris que le consommateur c’est un gros niais incapable de juger et de choisir, qui ne demande qu’à consommer à tout prix, qui n’a rien à faire de l’éthique et du respect, puisque son seul souci, c’est son porte-monnaie. Et qui ne tiquera pas si on lui refile de la bouse de pub. Il peut tout absorber et digérer. Il suffit juste d’éduquer son goût.

Lequel, le mauvais ?

Toujours selon mon interlocuteur « Le consommateur dit vouloir pouvoir choisir, ne pas être influencé, mais en réalité s’il n’est pas influencé il ne sera pas guidé et sera perdu. Le consommateur veut croire qu’il fait ses choix, or, s’il devait vraiment les faire en tout neutralité, il n’aurait plus aucun avis, plus aucune base à laquelle se raccrocher, et devrait totalement les assumer, ce qui est contre la nature de la plupart des gens. Les gens souhaitent êtres guidés et conseillés, ce qu’apporte la pub, quelque soit le format ou l’intrusivité. »

Et toujours selon lui, « Le consommateur préfère détruire que construire puisque au fond, c’est qu’aujourd’hui nous sommes dans une société décadente semblable à celle de la fin de l’empire romain : du pain et des jeux. Les civilisations étant comme les êtres vivants, ayant un début et une fin, la nôtre est plus proche de sa fin ».

Après ce cri d’espoir, il ne vous reste qu’à guetter le pouce du tout-puissant en attendant qu’il dicte votre sort. Ave, Caesar, morituri te salutant. Peut-être que les associations avaient raison. Si 79 % des français jugent la pub envahissantes, il suffit de leur en donner davantage pour les habituer. Et pourquoi tout remettre en question quand une miche de pain et le dernier jeu vidéo peuvent calmer les esprits ? A quoi bon se prendre la tête puisque la pub s’adresse à des imbéciles heureux ?

Je viens de découvrir qu’en dehors de vous et de nous, apparemment personne n’a envie de construire un monde meilleur. Vu sous cet angle, c’est certain que notre combat pour rendre la pub plus intelligente, plus humaine, plus éthique et sans dérives, c’est peine perdue.

D’ailleurs la dernière phrase de mon interlocuteur le confirme : « Êtes-vous certain que ces personnes qui viennent sur votre blog sont représentatives de la population française ?  »

J’en ai de la chance ! Les seuls français avec des neurones en excellent état de marche, capables de dialoguer, réfléchir, raisonner, choisir, agir, réagir et qui croient qu’on peut améliorer les choses, sont tous ici, sur ce blog.

Bon, en attendant la chute de l’empire, il ne nous reste qu’à descendre dans l’arène et à nous battre contre les fauves. We Will Rock You !!!

POST-IT : Le Grand Prix des Idées Durables, organisé par le WWF et par POURQUOITUCOURS, a été remis le jeudi 24 avril.
Le Jour Sans Pub a été sélectionné et retenu pour le book des projets innovants dans le marketing, la communication, les médias et la création.
Pour en savoir plus : http://www.lesaperosdujeudi.com/2008/05/les-laurats-du.html

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10 réflexions au sujet de “Ave César !”

  1. C’est à cause des gens comme ça que rien ne bouge. Quand on ne fait pas confiance aux gens, quand on a une vision pessimiste et négative et une attitude cynique, on suscite désespoir et immobilisme. Heureusement les gens ne sot pas tous comme ce monsieur. Les 134 signatures le confirment ainsi que toutes les autres qui suivront.

  2. Le jour sans pub : une respiration dont la mise en place témoignerait à tous niveaux d’une volonté de dialogue. Impatiente de voir se multiplier les idées et les bénéfices partagés d’une relation qui oserait sortir des balises du métier pour s’éprouver dans une autre idée de l’autre.

  3. En France on préfère dire qu’il n’y a rien à faire plutôt que prendre les choses en main et agir. On aime aussi critiquer ou se plaindre plutôt que proposer des solutions. Mais ne vous inquiétez pas, il existe beaucoup de Français qui ont envie de bouger. Il faut juste faire connaître votre projet au plus grand nombre.

  4. Je lis vos commentaires et je ne trouve aucune argumentation. Il est nécessaire de défendre ses idées et vous êtes servie par une écriture plutôt sympathique alors de grâce répondez, argumentez, opposez… L’écriture n’est autre que de la fioriture si elle ne repose sur rien ; du fond, du fond…. please. Votre correspondant ne dit pas que le consommateur est d’une imbécillité crasse, il évoque le besoin de conseils nécessaires dans un monde trop multiple et trop rapide. De fait, la pub, par son manque d’objectivité et par sa nature intrusive, soulage le consommateur en le déresponsabilisant de ses choix dont le premier qui est de faire la différence entre les besoins et les envies. La publicité est économiquement nécessaire, pour le reste votre interlocuteur semble plus proche de la vérité que vous. Cela étant, je suis prête à attendre le contraire si les arguments sont fournis.
    PS : trop de citations… les gladiateurs romains n’étaient pas au désespoir quand ils disaient Bonjour Caesar, ceux qui vont mourir te saluent. Ils manifestaient la fierté et la force du combat et du sacrifice. Un homme désespéré ne se bat pas, il se laisse mourir. Il ne faut pas tout galvauder. Mais pour m’associer à cet amour du verbe et m’infliger la critique à vos côtés, je cite également : "Se méfier des penseurs dont l’esprit ne fonctionnent qu’à partir d’une citation." Cioran.
    PS : Quant à ceux (les commentaires ci-dessus) qui préfèrent l’action à la réflexion et juge la critique toujours négative voire pessimiste, je voudrais juste dire qu’il y a un temps pour tout et que la réflexion est la base de l’action, son terreau. Sans quoi l’on perd du temps et de l’énergie. La critique n’est pas forcément négative, elle permet de cerner son sujet et de mettre les meilleurs moyens en oeuvre pour atteindre l’objectif fixé sans se raconter d’histoires. Mais l’on peut préférer procéder par expérience voire tâtonnement… C’est un autre façon de faire, on appelle ça compter sur sa chance. Parfois cela marche, parfois non…

  5. Argumenter quoi ? Il n’y a pas à argumenter, Lysender. Devant l’affirmation "le consommateur est un con" je réagis en me disant que le consommateur c’est moi et j’ai une tête qui marche très correctement. Et toi ? Tu te reconnais dans les cons ? Et ta famille ? Et tes amis ? Je reconnais que les crétins ça existe, j’en connais quelques uns. Mais ce n’est pas la majorité et de là à penser qu’on est tous des débiles…

  6. Intelligente, cultivée, avec une plume agile, un implacable esprit cartésien, polémique et rentre-dedans…
    Je vous ai reconnu. J’ai déjà répondu à un de vos commentaires sur un autre billet et j’ai promis de continuer à le faire, dès que j’en trouvais le temps. Me voilà. Vous dites que la réflexion est la base de l’action. Vous enfoncez une porte ouverte. Il y a quelques années, il y avait 80% de publivores, aujourd’hui il y a 78% de publiphobes. De quoi se poser bien de questions. Donc, avant de me lancer dans cette aventure, j’ai réfléchi pendant deux ans et j’ai continué, pendant un ans demi, au fur et à mesure que j’avançais. Et je n’ai pas encore fini. Tout est perfectible et je crois dur comme fer que les critiques constructives sont celles qui font avancer. Je n’ai pas la présomption de détenir la vérité. J’ai donc échangé avec des consommateurs, j’ai mené une enquête, j’ai lu attentivement tous les commentaires sur ce blog. J’ai aussi discuté avec des experts du métier, des hommes de marketing, des sociologues, des journalistes, des professeurs… J’ai essayé donc de comprendre les raisons de cette publiphobie montante. D’abord en faisant ma première analyse (http://www.lejoursanspub.fr/blog... par la suite en essayant de comprendre les changements sociétaires créés par Internet et la démocratisation de l’info.
    Thierry Maillet l’explique très bien dans son livre « Génération Participation ». Nous sommes passé du consommateur « Je consomme, donc je suis ». celui qui pense que la satisfaction matérielle est la seule réponse à ses attentes, au consommateur « Je suis, donc je consomme. », qui est sensible aux valeurs d’écoute et de partage et qui s’implique dans la consommation autant que dans la citoyenneté. Cette génération qui n’est pas une classe d’âge, mais une classe de valeurs, est en train de remplacer peu à peu celle dont vous parlez et dont parle mon correspondant, celle qui a besoin d’être prise par la main et guidée dans ses choix. J’ai discuté avec Thierry Maillet et Ipsos nous a confirmé l’impact de cette révolution technologique et la naissance du nouveau consommateur (http://www.lejoursanspub.fr/blog... Voilà pourquoi l‘échange avec mon correspondant s’est révélé intéressant, mais stérile puisqu’il se base sur des donnés contradictoires. Lui, il fait référence à une génération qui est en train de s’éteindre. Moi j’essaie de regarder en avant et d’anticiper.

    PS : « Ave César, morituri te salutant ». Vous critiquez ma citation en faisant référence à ses origines. Vous aimez la précision, je vais être précise. Si je plonge dans mes pâles souvenirs d’école, presque effacés autant que mes 8 ans de latin, contrairement aux idées reçues et aux péplums, ce ne sont pas les mots rituels des gladiateurs dans l’arène, mais ceux des soldats et des marins de la flotte de Claudius, lors d’un épisode bien précis : une naumachie sur le lac Fucino. La seule attestation de cette citation, se trouve dans un texte de l’historien latin Gaio Svetonio Tranquillo (je crois qu’en français on l’appelle Suétone) sur la vie de Claudius (De Vita Caesarum, Divus Claudius) : « Quin et emissurus Fucinum lacum naumachiam ante commisit. Sed cum proclamantibus naumachiariis: "Have imperator, morituri te salutant!" Respondisset: "Aut non," neque post hanc vocem quasi venia data quisquam dimicare vellet, diu cunctatus an omnes igni ferroque absumeret, tandem e sede sua prosiluit ac per ambitum lacus non sine foeda vacillatione discurrens partim minando partim adhortando ad pugnam compulit.
 »

    Bien sûr, vous pouvez me rétorquer que Jérôme Carcopino pense que ces mots étaient devenus rituels. Pourtant « ave » c’est le salut militaire et les gladiateurs n’étaient pas des militaires. Mais bon, on va pas débattre sur le sujet. Je ne suis pas une historienne et, au fond, on s’en fout de son origine. Désormais cette citation est utilisé de manière ironique et sous forme de boutade. Et ici je fais référence aux associations tout puissantes qui ont baissé le pouce sur le JSP.

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