Papa Metrobus

La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu quand on était enfant. Friedrich Nietzsche

Vous souvenez-vous de la magie de la patate chaude ?

Ça se passait chez Metrobus. Le JSP se transformait en objet brûlant et rebondissait d’une main à l’autre en transformant instantanément nos interlocuteurs en statues muettes. Eh bien, le sort est enfin brisé. M.Gérard Unger, le grand patron a accepté de me rencontrer.

Une illumination subite ? Un excès de courage ? N’exagérons rien ! C’est notre ami, Éminence Grise, qui est arrivé à rendre possible l’impossible. Ce rendez-vous est essentiel pour le JSP. Le réseau d’affichage dans le métro appartient à Metrobus. Et ce serait bien que tout se termine là où tout a commencé. Sans compter que la réponse de la régie est essentielle pour notre partenariat avec la RATP.

Je retrouve Éminence Grise dans le hall de l’immeuble à Neuilly, à quelques pâtés-maison de la régie de JC Decaux. Nous sommes en avance et EG en profite pour aller saluer les gens qu’il connaît bien. Il me présente comme la « créatrice du JSP ». Etonnant ! Personne ne crie ni appelle la police. Sa présence suffit à me donner du crédit et l’accueil est plutôt sympathique. Le projet a l’air de les amuser et je découvre qu’ils le connaissent plutôt bien. Et puisque leur Président me reçoit, ils n’ont plus de raison de me bouder.

M. Gérard Unger, Président-Directeur Général de Metrobus, conseiller du Président de Publicis, Président-Directeur Général de Mediavision, membre du Bureau exécutif du Conseil de l’Union de la Publicité Extérieure, administrateur de l’INA et écrivain, est un homme puissant et imposant.
Il nous reçoit dans une grande salle de réunion. Il sourit avec l’attitude bienveillante des gens habitué à la déférence de leurs interlocuteurs. Éminence Grise, qui a intégré la devise d’Anton Tchekhov « Qui ne sait pas être serviteur ne pourrait être maître », a pris une posture presque humble. Ses mots sont enrobés de miel et chaque note de sa voix exprime égard et respect.

Le Président me laisse parler jusqu’au bout, mais je sens que ce n’est qu’une marque de politesse envers mon accompagnateur.
Il ne m’écoute pas vraiment, puisque sa décision est prise d’avance. Puis il me dit sur un ton paternel : « Le « jour sans pub » ne sera jamais accepté en l’état par les Associations. Il faut se rapprocher d’eux, réfléchir avec eux pour redéfinir le concept, le contenu et les modalités de son organisation. Seuls leurs conseils pourront vous permettre de trouver des réponses appropriées. Il faut écouter toutes leurs critiques et propositions et ensuite recréer une opération spéciale. »

Il me parle gentiment, mais comme à une petite fille de la maternelle qui veut jouer dans la cour des grands. En Analyse Transactionnelle, on dirait qu’il me donne le rôle de l’Enfant-rebelle. Honnêtement, ça ne me passionne pas trop de rentrer dans la peau d’une gamine indisciplinée et irresponsable. Mon projet est dûment réfléchi et je ne suis pas née de la dernière pluie. J’ai 20 ans de pub aux épaules, j’ai créé, géré et dirigé deux agences, et ce n’est pas parce que je ne fais pas partie de la «mafia » que je suis juste bonne à jouer à la marelle.

Je sens qu’Éminence Grise est sur la corde raide et craint une réaction mal placée. Quelle idée ! J’ai vu le film sur Don Vito Corleone. Je comprends bien qu’en me recevant, le Président lui a accordé une grande faveur, et qu’il se sent responsable de tous mes faits et gestes. Je ne vais pas le mettre dans l’embarras. J’écoute donc en petite fille sage et bien élevée qui tend ses mains pour se faire taper sur les doigts. En tout cas, quoi que je puisse dire ou faire, ça ne changera absolument rien à sa décision. J’ai compris le message : Metrobus ne bougera pas tant que l’AACC et l’UDA ne donneront pas le feu vert.

M. Augier conclut : « Laissez-vous conseiller par les associations, réfléchissez avec eux et venez me voir par la suite. Pourquoi, par exemple, ne pas proposer à M. Brossard d’inclure le JSP dans la semaine de la pub organisée par l’AACC, qui est demandeuse d’idées ? »
Inutile de lui dire que j’y avais pensé, mais encore faudrait-il avoir la possibilité de lui en parler.

Me voilà tombée dans le panneau de Métrobus. Mais, tout compte fait, Gérard Unger n’a pas tort. Nous ne jouons pas dans la même cour. En tout cas, nous n’avons pas les mes règles. C’est quoi ce petit jeu qui consiste à me demander de me rapprocher d’eux tandis qu’eux s’éloignent de moi ?

Peut-être une version revue et corrigée du Chat perché. Un chat (moi) doit attraper une souris (Hervé Brossard) qui, lorsqu’elle sera touchée par le chat (moi), deviendra chat à son tour. Pour lui échapper, la souris (Hervé Brossard) doit grimper, se percher quelque part où le chat (moi) ne pourra pas la toucher. Mais comment fait-on quand la souris reste perchée éternellement ?

Je prends congé de M. Augier avec la promesse de contacter la souris et d’en discuter avec lui.

Le lendemain, Éminence Grise me raconte qu’il a rencontré M. Hervé Brossard. Il lui a redit que si le constat était juste et ma volonté de réagir légitime, mon opération nécessitait d’être revue en plus grande concertation avec les associations professionnelles. C’est une blague ? Je veux bien, mais s’il ne me donne pas de rendez-vous, je fais comment ?

Il ne me reste qu’à boire du Pepsi (je fais allusion à la petite vidéo ci-dessous et à poursuivre le jeu du chat perché. Capisci ?

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7 réflexions au sujet de “Papa Metrobus”

  1. Papa Metrobus et ses accolites ont créé un clan qui ne fait pas honneur ni à l’ethique de leur boite ni à la pub. Ce n’est pas en fonctionnant en vase clos et en refusant de s’ouvrir aux idées nouvelles qui vont faire avancer le métier.

  2. "Qui ne sait pas être serviteur ne pourrait être maître"

    Ce n’est pas le fromage, mais le cirage qui va attirer le président.
    C’est ce qu’il te manque pour le séduire.
    Le cirage de pompes, Babette, tu as encore oublié le cirage 🙂

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