L’UPE, toujours à l’affiche

Comme disait mon compatriote Léonard de Vinci « Savoir écouter, c’est posséder, outre le sien, le cerveau des autres ».

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Je sirote un café dans un bar boulevard Malesherbes et je me ressource à l’optimisme désaltérant de Florence, juste avant notre rendez-vous.
Pas que je sois d’un naturel pessimiste, loin de là. Mais jusqu’ici tous les afficheurs que nous avons contactés ont fait la sourde oreille. Aucun d’entre eux
n’a voulu nous rencontrer. Jamais un mot de réponse, un tout petit signe de vie. L’affichage c’est le seul et unique média dont ses représentants ont l’extraordinaire pouvoir de s’évaporer dès que le mot JSP est prononcé. Nous prennent-ils pour des provocateurs ? Ont-ils peur des antipub ? Craignent-ils de devoir prendre des engagements éthiques et publics ? Pourtant c’est ce qu’ils vont finir par faire un jour ou l’autre, forcés par des lois. Comment savoir où est le véritable problème si nous ne pouvons pas les rencontrer ? Mais aujourd’hui…

Nous avons rendez-vous avec Stéphane Dottelonde, le PDG de l’Union des Chambres Syndicales Françaises d’Affichage et de Publicité Extérieure. Autrement dit, avec celui qui représente tous, vraiment tous les afficheurs. C’est le seul qui a pris la peine de nous répondre et de nous expliquer pourquoi il n’adhérait pas au JSP. Vous souvenez-vous ? Bien sûr, j’aurais pu m’en tenir à sa première réponse, mais j’étais si frustrée de ne pas pouvoir en parler de vive voix, de fournir des précisions, répondre aux questions ou en poser. Ou bien, en discuter, tout simplement. Ce n’est quand même pas évident de se faire une idée d’un sujet si complexe juste en se référant à quelques mots dans un dossier. Donc, je l’ai relancé. Et il m’a répondu, je le reconnais, avec une grande élégance. Et il a accepté de nous recevoir. Une simple question de politesse ou un soupçon d’intérêt ? Les yeux de Florence pétillent « Combien de fois nous avons relancé les autres afficheurs sans avoir aucun retour ? Ce monsieur, au moins, a consenti à nous écouter. » Elle a raison. Et tout compte fait, la politesse c’est déjà une forme de respect.

C’est l’heure. Nous rentrons dans un immeuble cossu du 17e arrondissement où siège l’UPE. Alors, ce monsieur Dottelonde ? Vieux, acariâtre, hautain, évanescent et poussiéreux ? Surprise ! C’est un homme jeune, charmant, agréable, bien réel et plutôt beau mec. Pour commencer, je lui explique la démarche qui m’a emmenée jusqu’au JSP pour qu’il comprenne que l’idée n’est pas sortie du chapeau d’une créative au cerveau à éclipse, mais que c’est le résultat d’un long travail d’observation, de réflexion et d’échanges multiples.

Stéphane Dottelonde commence par nous dire que les afficheurs ne pensent pas que le JSP puisse apporter une réponse aux attentes actuelles des Annonceurs.
Eh bien, ils se trompent. Parce que la plus grande préoccupation des Annonceurs c’est bien la nouvelle posture des consommateurs. Ils commencent à comprendre que les belles paroles ne suffisent plus, que le consommateur veut des preuves concrètes. Le JSP c’est une réponse tangible, une véritable opportunité pour se rapprocher d’eux et retrouver leur confiance. C’est la preuve que les Annonceurs les écoutent.


A ce propos, Florence lui montre les résultats de l’enquête que Anne-Claire a mené tout au début de ma quête de la vérité : 312 personnes interrogées, à Paris et en Ile-de-France, de tout sexe, de tout âge et de toute extraction sociale confondue. Le résultat ? Seuls 34 % se disent favorables à la pub, 37 % contre et 29 % indifférents. Les médias qui les dérangent le plus sont l’affichage et la télé et s’ils pouvaient changer quelque chose ils souhaiteraient : davantage de respect et d’attention, l’ouverture du dialogue, moins de pubs, plus de créativité et une attitude plus éthique de la part des Annonceurs et des Médias.

Stéphane Dottelonde l’écoute sans faire de commentaires. Je me demande quel crédit peut-il donner à ce sondage, lui qui est habitué à travailler avec des organismes professionnels connus et reconnus. Non, nous ne sommes pas Ipsos, mais notre investigation esquisse déjà le problème. Et puis, il y a toujours la grande enquête d’Australie qui peut confirmer une bonne partie de nos conclusions. Sans parler des Annonceurs et des partenaires qui y croient et nous soutiennent. Et des médias qui ont compris l’intérêt de l’action. Pourquoi seuls les Afficheurs continuent à pratiquer la posture de l’autruche ? Florence rentre dans le sujet. « C’est votre profession qui est la plus touchée. Pourquoi ne pas saisir l’occasion pour changer son image en adoptant des valeurs d’éthique et de respect et en faisant un geste qui va dans le sens des consommateurs ? » Stéphane Dottelonde secoue la tête. Ils ont eu une réunion à ce sujet et tous les afficheurs y sont opposés. En dehors de croire ou pas croire que le JSP puisse apporter une solution au problème, ils n’ont aucune envie de provoquer une nouvelle réaction des antipub.

Mais qu’es-ce qu’ils ont tous à avoir peur des antipub ? Jacques Seguela aussi a eu la même réaction. Je donne donc la même réponse :« Les antipub ne sont pas stupides. Ils ne vont pas boycotter une action qui va dans le sens du citoyen, en se mettant à dos l’opinion publique. » Mais je sais que mes arguments ne servent pas à grand chose. La peur est un sentiment qui n’écoute pas la raison. J’enchaîne en lui parlant de ma rencontre avec Thomas Gueret, qui me semble très significative.

Stéphane Dottelonde ne nous contredit pas et semble même comprendre la légitimité et la logique de notre démarche, mais ce n’est pas à lui de trancher. Les décisions sont prises de manière collective, lors des réunions. Il mettra le sujet à l’ordre du jour, lors de la prochaine assemblée . C’est apparemment tout ce qu’il peut faire pour nous. Bien, il ne nous reste plus qu’à espérer. La porte n’est peut-être pas complètement fermée.

Nous repartons toutes guillerettes. Et comme disent les gorilles « Piow, piow, hack, hacks ». Une chose est sûre, ça fait du bien de communiquer.

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14 réflexions au sujet de “L’UPE, toujours à l’affiche”

  1. J’ai toujours pensé que les déboulloneurs et certains mouvements antipub sont un ramassis d’extrémistes aveugles qui s’opposent systématiquement à la consommation et à tout ce qui permet à la France de créer des emplois, de se redresser et de sortir du tunnel. Ce sont des perroquets qui répètent sans cesse les quatre formules qu’on leur a apprises. Ils m’agacent fortement.

    D’autre part, je trouve que les afficheurs sont des rapaces qui ne feront aucune concession. Ils n’ont pas d’ouverture et jamais ils n’accepteront de dialoguer avec le consommateur. Pour se donner des règles et une éthique, il faudra les obliger par loi. Ils m’agacent aussi.

    Désolé, mais je suis pessimiste. Je ne crois pas que tu auras une réponse un jour. L’argument des antipub, c’est un alibi;)

  2. asbeen dit : Désolé, mais je suis pessimiste. Je ne crois pas que tu auras une réponse un jour. L’argument des antipub, c’est un alibi;)

    Il ne faut pas être negatif ni pessimiste:) Ce monsieur est ouvert. Il les a reçues et écoutées. Attendons la suite…

  3. J’ai une idée. Si les afficheurs ne veulent pas vous écouter et nous écouter, demandez aux antipub de vous donner un coup de main. Le jour "J" ils pourraient bâcher les affiches à Paris avec "Chut…". Vous aurez l’effet désiré, nous, on pourrait respirer, les antipub seront ravis et tout le monde remarquera que le seul média qui a refusé de faire un geste pour le consommateur, ce sont les afficheurs. A réflécir…

  4. Je voudrait préciser à hasbeen que Le Collectif des déboulonneurs n’est pas un mouvement extremiste, mais il se bat contre contre l’invasion publicitaire. Il veut promouvoir un affichage commercial limité et non agressif, par des actions non-violentes (bachage des affiches sans aucune degradation). La désobéissance civile non-violente est un outil d’expression démocratique.

  5. Peur du changement, peur des antipub, peur du bruit, peur de penser…Ca me met hors de moi. Voilà les attitudes d’une France craintive, morose qui a peur de tout et de tous. J’ai voté Sarkosy pas pour ses idées, mais pour que ce climat change, parce que j’ai envie de mouvement, de courage, d’énérgie, de changement. Et je crois que beaucoup ont fait comme moi. Les afficheurs font partie de ces gens qui manquent de courage et qui ont peur d’avancer. Encore un peu de patience, les choses vont bouger et le JSP fera partie des actions courageuses qui nous attendent.

  6. Je l’ai entendu ce matin à la radio, ce monsieur Dottelande. Il n’était pas content parce que le maire de Paris va réduire les panneaux affichage dans la capitale. C’est bien fait pour lui !!!! S’il vous avait écouté, il avait une super occasion pour donner le beau rôle aux afficheurs. S’engager publiquement à réduire la pollution visuelle, on lui aurait tiré notre chapeau. Maintenant on est mort de rire ! Il vont faire la même chose, mais obligés par la lois. Ah ah ah !

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