France Télécom, je pète un cable

France Télécom : simple comme une soixantaine de coups de fil.

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Je mets ma nouvelle casquette de commerciale et me joins aux « drôles de dames », comme les appelle Myriam, pour me lancer dans l’aventure France Télécom. Au premier abord, le but paraît simplissime : parler au dircom pour décrocher un RV.

Mais la plupart des dircom sont une race singulière, un mélange d’ombre éphémère et de coup de vent, doublé d’une assistante très efficace, mais aussi débordée que lui, seul lien possible entre lui et nous. Et si, par malheur, vous tombez sur une entreprise qui, entre ses départs et ses arrivées, ressemble à un aérogare, vous vous apercevez vite que prospection peut rimer avec dépression.

Je commence par envoyer un joli courrier personnalisé, accompagné d’un dossier JSP au dircom, Marc Mayer et à Thierry Breton, le PDG. Je laisse passer une bonne semaine et je rappelle l’assistante. Le dossier ? Quel dossier ? Ni vu ni connu. Le dossier a disparu. Les deux ? Oui, les deux. Mystère et boule de gomme. « Attendez encore quelques jours, peut être qu’il s’est perdu dans les bureaux. » J’attends. Au bout d’un mois, et de quelques coups de fil, on en conclut qu’il a définitivement disparu. Je le renvoie par mail. Et je rappelle la semaine suivante. Cette fois, le dossier est arrivé, mais, ni le PDG ni le dircom n’ont le temps de s’en occuper. Et pour cause : Thierry Breton prépare son départ au Ministère de l’Economie et des Finances et Marc Mayer le suit. J’attends la fin du régime Breton, la période de flottement et la mise en place du nouveau staff. Olivier Barberot, directeur exécutif en charge de « l’optimisation des compétences humaines », est la nouvelle personne à contacter. Je lui laisse le temps de prendre ses fonctions, une petite marge pour qu’il puisse avoir du recul et je reviens à la charge. Nouvelle assistante, vieille réponse : « Il est très occupé. Il n’a pas le temps » Je ressaie méthodiquement, une fois par semaine, jusqu’au jour où je reçois un signe de vie de France Télécom.

C’est un mail d’Olivier Tcherniak, Directeur Mécénat et Solidarités, qui a lu le dossier, trouve la démarche originale, mais me dit qu’il ne pourra pas s’y associer, parce que mon projet est très difficile à intégrer dans leur stratégie de communication. Il me souhaite néanmoins de réussir. Sa réponse me rend euphorique. Et oui, j’en suis là, à hurler de joie parce que j’ai eu un refus. En effet, je trouve formidable que quelqu’un ait eu la politesse de lire le dossier et de réagir. Je le rappelle pour le remercier. Il me dit que le dossier a atterri dans son bureau, mais ce n’est pas lui qui peut prendre une décision, puisque ça concerne le département pub. Mince alors, pour une fois que j’avais quelqu’un à l’autre bout du fil. M.Tcherniak est très sympa. Il me promet de transmettre le dossier aux bonnes personnes. Et il tient sa parole. Il transfère le dossier à M. Barberot qui le transfère à Simone Muet.

Je commence donc à traquer son assistante qui, impuissante, récite comme une litanie : « ‘Désolée, ils n’ont toujours pas eu le temps de le regarder. » Au bout de je-ne-sais-pas-combien de coups de fil hebdomadaires, elle finit par me conseiller de contacter Michèle Imbert. « Je pense que ça pourrait l’intéresser » Je lui fais parvenir immédiatement le dossier. Et là, la chanson change, mais voilà, le nouveau disque est aussi rayé « Madame Imbert est en réunion, elle est en réunion, en réunion,en réunion…’ »

À force, ça devient un canular. Je n’ai même plus besoin de dire « Allo » qu’on me répond « Désolée, elle est en réunion ».
Jusqu’au jour où cette phrase a une suite :« Madame Imbert est actuellement en réunion, mais elle consulte régulièrement son PC portable. Je vous conseille de lui envoyer un mail. C’est la seule manière de la joindre. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le mail part, mais maintenant comment savoir ce qu’elle en pense ? Après une nouvelle série d’appels, j’ai enfin une bonne nouvelle. Michelle Imbert a trouvé le dossier intéressant. Elle attend l’aval de la direction. En gros, de M. Barberot et de Simone Muet. Retour à la case départ. Pour repartir ailleurs. Désormais, c’est Madame Deleplanque la nouvelle directrice du département publicité. C’est elle qu’il faut contacter.

Je fais parvenir le dossier à la nouvelle directrice. Et c’est reparti : « Désolée, elle est en réunion, elle vous rappellera » Soit c’est l’excuse type qu’on utilise dans l’entreprise pour se débarrasser des gens, soit chez France-Télécom les cadres passent leur vie en réunion. « Une réunion sert à décider de l’ordre du jour de la réunion suivante », disait Jean-Loup Chiflet. Peut-être bien. Moi je trouve que plus on débat et moins on agit. Et j’appelle encore et encore. Le moins qu’on puisse dire c’est que je contribue bien à faire marcher France Télécom. Ou c’est France Télécom qui me fait marcher ? J’en parle à un ami, ancien dirigeant du groupe. Il me dit que Marc Meyer, qui avait suivi Thierry Breton au ministère de l’Economie et des Finances, va revenir. Mais non, me dit quelqu’un d’autre, il n’est jamais parti. Mais maintenant oui. Et c’est Caroline Mille qui va le remplacer. Je n’y comprends plus rien. J’ai le tourniquet, mon quota de patience a dépassé les limites et j’en ai marre de jouer au pitbull.

C’est quand même le comble que, chez un opérateur global de communication, on ne puisse même pas communiquer. C’est décidé, je raccroche. Le bonheur, parfois, c’est quand on arrête de passer de coups de fil.

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5 réflexions au sujet de “France Télécom, je pète un cable”

  1. C’est comme ça maintenant chez france télécom vous devez tapez le 1 puis le 3 puis le 0 désolé tous nos opérateurs sont occupés. Rappeler ultérieurement… ou écrivez-nous… Voilà l’art de faire de la communication chez eux. C’est désolant mais ils ont le mérité d’avoir un bureau, on est content de faire la queue chez eux aussi mais on s’entend répondre "je ne suis qu’un commercial écrivez à cette adresse, alors le dossier perdu c’est fort possible entre Mme Muet et Mme Deleplanque on ne sait plus où on en est.

  2. Chez France Télecom, après une periode de flottement où certaines personnes ont juste assuré l’interim, tout s’est remis en place. On commence à voir les résultats. Une nouvelle vitalité, une volonté d’avancer et un dynamisme croissant. Ne baissez pas les bras. C’est maintenant qu’il faut les contacter.

  3. Depuis que l’État français a cèdé une partie de ses actions et que France Télécom a été privatisée, rien n’est plus comme avant. Je regrette le vieux France Télécom à visage humain et proche du consommateur. Mais pour être competitifs, il faut regarder en avant . Vous le voyez comment le futur ?

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