Bons baisers de la blogosphère

Coluche avait bien raison : « Ce ne sont pas ceux qui ont les plus grandes oreilles qui entendent le mieux ».

harry-s

 

J’ai beau envoyer courriers, mails et passer des coups de fil à associations et syndicats. Aucun retour, aucun signe de vie.

Je reçois enfin un mail de M. Dottelonde, président de l’UPE, c’est-à-dire du syndicat des afficheurs. Ils se sont réunis pour examiner attentivement le projet du JSP et il ne leur semble pas opportun de s’y associer pour des raisons qui tiennent à l’image de leur média et aux préoccupations actuelles des Annonceurs. En outre, ils ne sont pas convaincus qu’une telle action aurait des conséquences positives vis-à-vis de l’opinion publique et des mouvements anti-pub. Première réponse, première déception. Mais bon, au moins il y a quelqu’un qui a eu la politesse de répondre.

J’attends la réaction de l’UDA, une des associations clés pour notre projet. Je m’acharne à joindre Gérard Noël, son vice-président. Il a déjà réagi aux résultats de l’enquête d’Australie en disant « J’ai été surpris qu’une telle proportion de gens a priori bienveillants à l’égard de la publicité se déclarent ni étonnés, ni intéressés, ni séduits par les messages publicitaires. Nous avons un véritable problème ! » Et nous avons la solution !

M. Noël finit par réagir, mais pas exactement dans le sens espéré. Après un bref échange téléphonique, il m’envoie un mail où il s’exprime en utilisant le pluriel. C’est un détail essentiel puisque cela signifie qu’il parle au nom de l’association, en relatant les conclusions péremptoires et définitives d’un débat sans possibilité de recours.

« Ils » se disent clairement défavorables au JSP, pour des raisons de fond et de forme. Ils sont tout à fait conscients d’une certaine attitude de méfiance d’une partie de la population à l’égard de la publicité, mais ils ne pensent pas que mon initiative puisse apporter une réponse positive et constructive à ce problème complexe sur lequel ils travaillent en liaison avec leurs partenaires agences et médias. Il conclut son courrier en me demandant de le tenir au courant de l’évolution de ce projet.

Avant de m’écrouler sur ma tartine, je réunis mon équipe pour la prévenir que l’opposition des syndicats va provoquer un effet boule-de-neige. Un « non » va en entraîner un autre. Beaucoup d’Annonceurs s’aligneront sur la position de leur syndicat. Et l’AACC [1] qui avance la main dans la main avec l’UDA, ne nous soutiendra pas. Je ne veux pas que mon équipe s’investisse dans un projet si difficile sans en avoir mesuré les conséquences. Donc, je pose la question fatale : « Quitte ou double ? »

Les créatifs sont remontés, mais pas découragés. Ils pestant contre ces hommes poussiéreux, figés comme dans un musée de cires et qui manquent de…

L’UDA est enfermée dans sa petite bu-bulle et a la trouille du changement. Elle peut toujours parler de renouveau et prôner la culture d’innovation. Elle n’a aucune envie de se remettre en question.

Nous sommes des agitateurs qui bousculent leurs petites habitudes et remettent en cause les schémas traditionnels. Normal qu’ils contestent la forme. Mais ils sont quand même gonflés de mettre en question le fond ! Ils répondent à un problème de dialogue avec un refus de dialogue. Ils ont le droit de ne pas être d’accord, mais le minimum, ce serait de nous recevoir, de nous écouter et d’échanger avant de trancher. »

Les afficheurs sont les plus touchés de la profession. Au lieu de saisir l’occasion de changer leur image, ils paniquent. Comment veux-tu que les Annonceurs puissent rétablir le dialogue quand les associations qui les représentent le refusent ?

Aucune logique. Ils décident que le JSP ne correspond pas aux attentes des Annonceurs sans même pas les avoir interrogés. A mon avis, il ne doivent pas trop aimer les initiatives individuelles.

Dès que les créatifs terminent de se défouler, avec la fougue et la passion qui les habitent, ce sont les commerciaux qui prennent la parole. Leur discours est plus modulé.

Nadège affirme que les grandes structures sont comme les éléphants, elles avancent lentement. Il faut leur laisser le temps de discuter, de réfléchir, de peser le pour et le contre avant de se mettre en route. Marc est convaincu qu’un résumé du dossier n’est pas suffisant pour saisir le véritable sens du JSP. Et que l’UDA fait un blocage sur la forme sans prendre en compte le fond. Il faudra les rencontrer, leur expliquer, répondre à toutes leurs questions pour pouvoir enfin avancer ensemble. Myriam pense que si nous avons du concret et des gens qui nous suivent, les Associations poseront un autre regard sur le JSP et finiront par nous ouvrir la porte. Mais tout le monde est unanime sur un point : on y croit dur comme fer et on continue.

On décide donc de contacter au plus tôt les Annonceurs pour avoir leurs premières réactions. En parallèle, je rencontrerai Thomas Gueret pour avoir l’avis d’un antipub. Une fois que nous aurons des Marques et des Partenaires prêts à nous suivre, nous reverrons à la charge auprès des Associations.

POST-IT : BONNE ANNEE 2007 QUAND MEME Cette année, vous avez le permis de tuer : Les idées noires, Les idées reçues, La peur des idées, La peur d’avoir peur, La peur de la différence, >L’indifférence, Le réchauffement de la planète, Le refroidissement des sentiments, Les mots qui font oublier les idées, Les idées qui ont oublié les >mots, L’exclusion, la pollution, La déforestation, La compromission, La bêtise, Le gaspillage de l’eau, Le gaspillage des sentiments, La pauvreté, La >lâcheté, L’incommunicabilité, L’insécurité, Les bas filés… Et les chaussettes dépareillées.

Notes

[1] AACC : Association des Agences Conseils en Communication

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4 réflexions au sujet de “Bons baisers de la blogosphère”

  1. Je suis frappé de constater que des syndicats ne prennent pas une posture professionnelle accueillante, humaine et empathique en cautionnant une action positive comme le JSP. Ils passent à côté d’une occasion en or de se réconcilier avec l’opinion publique et de nouer un lien de confiance. Je vous souhaite que les Annonceurs fassent preuve d’une plus grande ouverture.

  2. Qu’est ce que l’UDA craint !? (c’est à la fois une affirmation et une question)

    – Que les consommateurs se réveillent, qu’ils deviennent plus conscients de leurs processus d’achats et qu’ils soulèvent des questions morales nécessitant une véritable responsabilité des entreprises et des communicants.

    – De devoir assumer ce changement relationnel entre annonceurs responsabilisés et consommateurs avertis (c’est clair, il sera plus difficile de défendre les abus du pouvoir de l’image !).

    – De perdre des adhérents intéressants qui ont des choses à perdre dans l’éveil des gens.

    Ce sont des suppositions qui gonflent un peu plus l’abcès dont la publicité est à la fois infectée et infectieuse: "la méfiance"
    JSP = Je Sors le Pus

  3. Je trouve bien regrettable que l’UDA ne s’associe pas à votre projet.
    L’Union des Annonceurs remplit parfaitement son rôle, en se conformant aux dispositions de la loi, en discutant avec les autorités et en conseillant aux annonceurs à des règles d’autodiscipline. Cependant elle est éloignée des sensibilités et des besoins des consommateurs et ne sait pas comment les approcher. Votre initiative n’est pas en opposition à la sienne, mais parfaitement complémentaire.L’UDA est proche du BVP, des agences e des médias, vous êtes au cœur des réalités quotidiennes, point d’orgue entre la pub et le consommateur.
    Elle aurait tout à gagner en s’associant à des gens capables de donner un nouveau souffle à la relation consommateur-annonceur.

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