Un monde vide

Je rentre dans le Monde vide. Je parle, bien sûr, du siège du journal qui est en plein déménagement.

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Mes pas résonnent dans le couloir pendant que je me perds dans un interminable dédale de bureaux inoccupés.
Mais où est donc le bureau d’Éminence Grise ?
Difficile de demander des renseignements. Je croise juste quelques cartons muets qui trônent devant les portes.
Enfin je finis par le trouver. Il est là, concentré sur ses dossiers, absorbé par son travail et complètement indifférent au silence qui l’entoure. Il est l’éminence grise qui se cache derrière de grands projets. Vous n’avez jamais entendu parler de lui et vous n’en entendrez jamais parler. Pudique et discret, il déteste se mettre en avant. Pourtant c’est grâce à lui que beaucoup de gens ont réussi et que certaines choses ont changé.

Éminence Grise m’accueille chaleureusement. Regard pénétrant, ton paternel et efficacité perpétuelle, il cumule des fonctions prestigieuses et gère des projets ambitieux en entretenant un excellent relationnel avec l’univers tout entier. Ce n’est pas étonnant, il a un véritable sens des rapports humains et une qualité rare dans ce métier : il est fidèle en amitié.

Aujourd’hui, je le rencontre sous cette dernière casquette, l’ami de toujours et le partenaire d’antan. Nous avons travaillé ensemble pour plusieurs Annonceurs et sa contribution a toujours été remarquable. J’attends avec impatience sa réaction sincère au JSP. Il m’écoute avec une vive attention pendant que je lui parle du Jour Sans Pub, sans jamais perdre le fil de la discussion malgré le téléphone qui nous interrompt sans cesse. Il en comprend immédiatement l’esprit et trouve le projet fort intéressant. Il me pose les bonnes questions, puis me recommande une démarche que je n’avais pas du tout préconisée. « Si tu veux bien suivre mon conseil fondé sur l’expérience, contacte en priorité les syndicats professionnels et les associations. Rien ne se fera sans eux. » J’ai l’impression qu’il me décline tout l’alphabet pendant qu’il cite une liste d’associations, dont plus de deux tiers me sont parfaitement inconnues : l’UPE, PRESSPACE, l’OJD, L’UDECAM, l’ UFC Que Choisir, le SPG, le BVP, le SNPTV, L’UDA, l’AACC.

Le cerveau humain peut stocker 60 milliards d’informations. Mais il est sélectif. Le mien, en particulier, zappe tout ce qu’il n’aime pas. N’étant pas accro d’abréviations, de sigles et d’acronymes, j’essaie d’en retenir un maximum. Je n’avais pas prévu de mettre au courant le monde entier. Et encore moins de les rencontrer. Mais Éminence Grise a raison. J’avais oublié que la France est historiquement le pays des corporations et des confréries. L’initiative individuelle est sans issue s’il n’y a pas l’acceptation ou la caution des institutions officielles. Il me conseille aussi d’ouvrir mon Association, le JSP, me demande de le tenir au courant de la suite des événements et de ne pas hésiter à le contacter en cas de besoin. Je ne manquerai pas, il a une toujours eu un excellent jugement et ses conseils sont précieux. Et puis, personne ne connaît mieux que lui les médias. Voilà, il ne me reste qu’à chercher le nom et les coordonnés du Président de chaque Association pour lui envoyer le dossier afin de le rencontrer et obtenir son aval. Et aussi d’ouvrir une association qui porte le nom de mon projet.

Je rêve d’être Shiva et de pouvoir bouger tous mes bras en même temps. Je m’étais donné 4 mois pour concrétiser l’action. Mais le Jour Sans Pub ressemble à la spirale du jeu de l’oie. On avance de trois cases, puis on revient à la case départ. Et, avec les arrêts en prison, il va me falloir bien plus longtemps que prévu.

POST-IT : Allez faire un tour sur Vlan, le blog de Geneviève, une canadienne aux multiples talents. On parle pub, marketing, photo, graphisme, art… et petites choses de la vie. C’est impertinent, étonnant et ça vaut le détour. Et c’est une nana. Et Vlan !

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3 réflexions au sujet de “Un monde vide”

  1. De retour des USA, où j’ai vecu 6 ans, je m’aperçois que la France ne donne aucune chance aux individus. Là bas, si vous avez un projet personnel, toutes les portes vous seront ouvertes. Ici, si vous n’avez pas derrière vous un organisme officiel et si, par malchance, votre idée est nouvelle, vous pouvez être sûr qu’on vous coupera les ailes. Mon mari est passé par là, nous avons veçu cette expérience et nous connaissons le parcours du combattant. Bon courage !

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