Rencontre avec un DirCom

J’ouvre l’enveloppe. Une page de journal et quelques mots griffonnés sur le post-it-bouche-rose scotché dessus. « A l’attention de Madame Soleil« .

C’est Nadège qui me prend pour une diseuse de bonne (ou plutôt mauvaise) aventure.

Je lis avec intérêt l’article de L’Express qui réagit à l’enquête «Publicité et Société». Son titre ? «La pub cherche son souffle»

 

L’enquête relate que 73% des Français trouvent la publicité envahissante, 57% la jugent banale, 67% la considèrent comme une source d’ennui et 78% considèrent qu’il y en a trop. Et « le Monde » précise que les Français se plaignent de l’omniprésence de la publicité et que les notions de plaisir, de créativité et de spectacle sont quasi absentes.

Pour un revirement d’opinion, ce n’est un ! En juin 1987 le magazine « Que Choisir ? » titrait son article «  Les publiphobes sont-ils en voie de disparition ?

En effet l’enquête réalisée par l’École Supérieure de Commerce de Paris auprès de 1.500 consommateurs relatait que 50% d’entre eux aimaient la publicité, 12,8% l’adoraient et seulement 7,4% y étaient encore réfractaires. Aïe !

En moins de 20 ans, les Français ont bien changé. Des 92,6% amateurs de pub, il n’en reste pas beaucoup. Ils sont de plus en plus publiphobes. Ou, pire, de plus en plus indifférents. Et vlan ! En plein dans le mille.

Le monde a bougé. Il faut bouger.

Aujourd’hui je rencontre un ami DirCom en off, pour avoir une première réaction à mon projet d’un jour sans pub.
José confirme que la « fameuse » enquête a mis en effervescence la profession. Tout le monde s’interroge et attend qu’on en tire les conclusions.

En sachant que son temps est précieux, je rentre dans le vif du sujet. José m’écoute très attentivement, résume en quelques mots le long dossier en faisant quelques remarques. Puis il soupire et met le doigt là, où je ne l’attendais pas : « Un jour de silence, soit, quoiqu’il faudrait savoir plus concrètement comment. Donner la parole aux consommateurs, pourquoi pas ? Mais là où j’ai un problème c’est que tu demandes aux entreprises qui participent au JSP d’aller plus loin, de s’engager, sans préciser comment. »

C’est exact, mais c’est volontaire. Les dircom sont des grands garçons. A eux d’écouter les Français, de réfléchir à ce que leur entreprise peut leur proposer et de leur répondre en conséquence. Mais apparemment ce n’est pas si simple.

«Oui, mais imagine, je reçois ton dossier, il m’interpelle et je vais voir mon P-DG. Lui aussi le trouve intéressant et commence à me bombarder de questions : Quels engagements allons-nous prendre pour répondre aux consommateurs ? Comment réagir de manière éthique ? Quelles sont les actions que nous pouvons mettre en place à court terme ? Et à long terme ? Tu demandes à des gens qui n’ont pas le temps, de trouver le temps de chercher des idées. Aucun dircom n’appuiera le dossier. Tandis que, si tu leur suggères.. »

Je n’avais pas du tout prévu de réfléchir à ça. Pour moi ce n’était pas à l’annonceur, ni au DirCom, ni à la pub et encore moins à moi de proposer des solutions. C’était le dialogue entre qui aurait indiqué le chemin à suivre.

Et me voilà repartie dans un nouveau chantier. Et pas le moindre ! Il faut que je lise dans la tête des Français et que je trouve des idées-solutions.

Vite, ma boule de cristal ! Il me faudra courir si je veux que tout soit prêt rapidement. La pub et moi nous cherchons notre souffle. Vite, de l’oxygène !

Share Button

1 réflexion au sujet de « Rencontre avec un DirCom »

Laisser un commentaire