Tout va bien, madame la marquise

Il n’y a pas de problème et la vie de la pub continue.

bulle

Mais « la madame » est têtue et elle ne croit qu’à ce qu’elle voit et entend.

Communiquer c’est mon métier, mais aussi ma nature. Je suis une boulimique de l’échange. J’adore sortir du petit monde nombriliste de la pub et écouter en live ce qui se passe tout autour. J’ai toujours eu besoin de mettre un visage sur la « cible » à laquelle je m’adresse pour avoir le sentiment de parler à des gens que je connais et pas à des récepteurs anonymes. Ce ne sont pas les gens que nous côtoyons tous les jours ceux qu’on appelle « les consommateurs » ?
La fameuse ménagère de plus de 40 ans par exemple, c’est ma belle-mère. Elle manie Internet avec la même habilité que son four à pain et elle éprouve le même plaisir à faire des confitures qu’à écouter Mozart. Mais c’est aussi Pâquerette qui vit au rythme des programmes télé, des journaux people et des «Feux de l’amour». Et Rosanna, toujours débordée entre sa gym, ses associations, la déco de son appart’, ses voyages, ses hobbys et sa fille.
Catherine est publiphile, Pâquerette publivore et Rosanna publisélective. Mince, aucune publiphobe dans mon proche entourage !

Je cherche donc dans la catégorie cadre supérieur, actif, urbain et mère de famille. Mon homéo, par exemple, qui vit deux vies à la fois en partageant son talent entre son travail passionnant et sa famille passionnée. Ou bien Elisabeth, performante directrice commerciale d’un grand journal, triple maternité épanouie et frétillant esprit bobo. Madame Seng et Elisabeth adorent la pub, sauf quand elle est bête ou mièvre.
Je me rabats sur Kevin, moins de 25 ans, branché nouvelles technologies.
« La pub, c’est trop cool ! » Logique, c’est elle qui lui permet de découvrir le nouveau téléphone qui fait caméra, télé, appareil photo, sauna et micro-ondes.
Il me reste Ludo, anarchiste et contestataire qui est contre tout, par principe. Publiphobe pur et dur, il a un discours d’opposant systématique qui ne mène nulle part.

Je finis par conduire une mini-enquête auprès de gens qui croisent mon chemin : mon dentiste, l’étudiante du rez-de-chaussée, mon garagiste, ma voisine, la copine de la copine, la boulangère…

Je profite aussi du passage à la maison des copains de mon fils, étudiants à la fac, pour lancer le débat. Je glisse dans la conversation le mot pub, tout doucement, comme on balancerait un petit caillou dans l’eau pour regarder les cercles s’élargir. Mon petit caillou suscite un raz-de-marée.
La pub ? À part quelques rares exceptions, elle est assommante, d’une banalité ahurissante, coupée de la réalité et complètement dépassée. Elle n’a pas intégré le fait que la société a évolué et que le sens critique du consommateur s’est aiguisé.
Les Annonceurs ? Des sociétés qui n’ont aucun respect de l’éthique, de l’environnement et du consommateur. De grandes marques qui se moquent éperdument de nous et de nos attentes.
Les Antipub ? Des gens qui prennent les consommateurs pour des loques abruties devant leur télévision ou pour des moutons qui se sentent obligés d’acheter des produits dont ils n’ont pas besoin.
Les publicitaires ? Des professionnels qui se sont essoufflés et auxquels on donne trop d’importance. Ce ne sont pas des sorciers aux pouvoirs surnaturels capables de faire perdre complètement aux gens le sens critique et le libre-arbitre.
Les consommateurs ? Il faut arrêter de nous prendre pour des crétins. Les Français ne sont pas dupes, ils ont parfaitement intégré l’enjeu commercial de la publicité, mais ils en ont marre qu’on les traite comme des légumes.

Et vlan ! Chacun y prend sa claque. C’est évident, quelque chose a bien changé. Tantôt plébiscitée, plus souvent honnie, la pub valse entre des avis variés et contradictoires. Il est temps de transformer mon « enquête-bricolage » en étude sérieuse.
Je contacte Anne-Claire, une copine qui s’occupe d’études de marché. Nous décidons de mener une enquête structurée en interrogeant environ 350 personnes, de tout sexe, de tout âge et de toute extraction sociale confondue.

Share Button

2 réflexions au sujet de “Tout va bien, madame la marquise”

  1. Bonjour, je viens de découvrir votre blog et je trouve votre démarche très intéressante. Ce que j’apprécie davantage c’est l’écoute du consommateur. La plus part des publicitaires sont en parfait décalage avec la réalité de monsieur tout le monde et parlent aux gens avec un langage qui ne leur correspond point. Issus bien souvent de milieux aisés, intellectuels ou artistiques, ils ont du mal à se mettre à la place de la cible, surtout quand elle est populaire. C’est pour cela que leurs messages restent souvent obscurs, inintelligibles, hermétiques pour la plus grande partie des Français. Un peu d’ouverture et d’écoute, ferait du bien à la pub.

  2. Bonjour.

    La pub est un marché monstrueux. Tellement d’argent y est investi. On peut critiquer, car la critique est toujours facile, mais quelles étaient leurs solutions aux amis de votre fils?
    Ils n’en avaient sûrement aucune, car ils n’ont aucune idée de comment vivre sans pub.

    L’économie est basée sur le marketing, donc la pub entre autre.

    Je ne pense pas que l’on puisse supprimer la pub. Elle a beau être partout, criticable, c’est ce qui fait vivre les économies…

    Qu’en pensez-vous?

Laisser un commentaire