Qui sont donc les anti-pub ? Au secours, j’ai le tournis !
J’engloutis une quantité considérable d’infos, je parcours quelques kilomètres d’articles, je surfe sur Internet entre sites et forums. J’essaie de mettre un peu d’ordre dans l’avalanche d’informations absconses. Et je m’égare dans la cacophonie de discours différents.
Dans anti-pub il y a « anti » et il y a « pub ». Mais encore ?
Impossible de mettre une étiquette à ce mouvement complexe et hétéroclite et difficile de maîtriser parfaitement l’argument.
Certains nourrissent leur esprit et leurs actions de la pensée subversive des Dadaïstes et Situationnistes. Et croient à la puissance du détournement des images de pub.
D’autres anti-pub surfent sur la vague de « Paysages de France » qui défend l’environnement et milite contre le saccage des paysages et la pollution visuelle par l’affichage. Ils traquent les « afficheurs délinquants ». L’association de consommateurs UFC Que choisir appuie son combat.
D’autres encore puisent les valeurs humanistes et les principes éthiques des « Humains Associés », communauté en réseau qui veut réinvestir l’espace public pour le mettre au service de l’humain.
Et il y a ceux qui tirent leur credo de la revue L’Ecologiste, édition française de « The Ecologist » Ils considère la dévastation écologique de la planète une conséquence des modèles de vie prônés par les sociétés de consommation.
La littérature publicitaire est aussi source d’idées. De plus en plus florissante, désormais elle critique ouvertement la pub : No Logo, La tyrannie des marques, 99 francs, Putain de ta marque, Le livre noir de la pub, La Société de consommation de soi…
Les anti-pub se rejoignent autour d’associations structurées qui se battent contre la « pollution publicitaire » :
La BAP (La Brigade Antipub), qui a la vocation d’informer de l’actualité antipub francophone et d’encourager les actions antipub.
Elle rassemble un groupe hétérogène où on peut trouver aussi bien des membres d’Attac que des jeunes anars ou des parisiens écolos.
Le RAP, (Résistance à l’Agression Publicitaire) est spécialisé dans l’action de terrain et sensibilise le consommateur à ce qu’il appelle les « nuisances humaines, sociales et environnementales de la pub ».
Il existe aussi des d’associations de publicitaires repentis comme le Comité des Créatifs Contre la Publicité (CCCP), créé par un ancien directeur artistique de Publicis, Vincent Cheynet, à l’origine de « Casseurs de pub ».
Casseurs de pub, frère cadet d’Adbusters, vise à renverser le système par ses propres armes.
Il utilise les mêmes méthodes de l’association anti-pub de Vancouver qui provoque depuis dix ans les géants de la consommation pour détruire les tiroirs du cerveau et ceux de l’organisation sociale.
Plus précisément, il copie la stratégie de grandes campagnes de pub et les détourne pour combattre « la pollution de notre environnement mental ».
Suivent Le Publiphobe, le Collectif Anti-pub pour la décroissance, le collectif Stopub… Et bien d’autres encore, jusqu’aux associations transversales comme le Réseau pour l’Abolition de la Télé (R.A.T.)
Des associations féministes dénonçant les publicités « sexistes » comme La Meute, se sont jointes au mouvement.
Mais il n’y a pas que des associations anti-pub !
Et les intermittents du spectacle se battent contre la « marchandisation de la culture ».
Nous avons certains intellectuels du monde des médias : François Brune, professeur et écrivain plutôt « anti-mondialisation libérale », collaborateur du Monde Diplomatique et co-fondateur du RAP, qui nourrit le mouvement par des percutantes analyses idéologiques, Florence Amalou, journaliste à la rubrique Communication du Monde, qui surfe sur un courant citoyen.
Et Charlie hebdo, qui mène dure vie à la pub depuis toujours. Enfin, le dandy-contestateur, Fréderic Beigbeder, ex-publicitaire repenti.
Ce n’est pas facile de pénétrer la planète anti-pub.
Les anti-pub c’est une énorme galaxie réunissant des gens aux idéologies disparates et aux filiations différentes. Je finis par en conclure que les antipub sont une pléiade d’opposants avec un dénominateur commun : ils sont tous publiphobes, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons.
Une chose est claire : écologistes, news-dada, antimondialistes, altermondialistes, anticapitalistes, féministes, anars, corporatistes, anti-consuméristes ou humanistes, ils ont tous un seul et même ennemi à abattre : la publicité.
L’anti-pub préfère gesticuler face aux supports des symptomes d’une supposé pathologie plutot qu’aux origines des problèmes qui les intéressent… Combats forts intéressants…